jeudi 30 janvier 2014

Momentini

En vrac, ces jours-ci :

- rendez-vous avec un médecin du sport. Besoin d'une nouvelle IRM ! Il ne risque pas le chômage, ces gens-là !

- rendez-vous avec l'ancienne parent d'élève qui me propose d'organiser des soirées littéraires dans sa boutique/salon de thé. Il n'y a plus qu'à se creuser les méninges.

- rendez-vous avec l'ami de l'ami d'un ami pour des problèmes de chauffe-eau. Rien de grave. Je vais sans doute m'en tirer à peu de frais.

- petit séjour à la neige dans l'appartement d'une amie. Si ma jambe me le permet, je referais bien un peu de raquettes.

- l'écriture du livre au point mort pour l'instant. Pas eu trop le temps. Il va falloir que je m'y mette plus sérieusement. Mais ça mûrit, ça mûrit.

- donc, en résumé, semaine bien remplie. Mais ce n'est pas moi qui vais m'en plaindre.

- ah oui, et puis une adresse d'association pour des cours d'allemand. On m'en a dit le plus grand bien. Alors, pourquoi pas...

De la nostalgie, M'Sieurs-Dames (15)



Petit Garçon. Zouzou. (1967)
Qui se souvient de cette chanteuse, mélange de Françoise Hardy et de Brigitte Bardot ? La chanson, assez tartignole, est pourtant de Dutronc !

La Piste de sable

Les derniers policiers de Camilleri que j'avais lus m'avaient, à vrai dire, un peu déçu : j'avais l'impression qu'ils avaient été écrits trop à la va vite par cet auteur sicilien très prolixe. Celui que je viens de terminer, en revanche, m'a réconcilié avec lui.

Vigata, bien sûr (en réalité Porto Empedocle, en Sicile, dont le maire vient de demander qu'on la rebaptise Porto Empedocle Vigata, en hommage à l'écrivain), son restaurant Chez Enzo, son commissaire Montalbano et toute sa brigade : Fazio, Gallo, Galluzzo, Augello et l'inénarrable Catarella. Et tous les personnages secondaires, comme Adelina, la bonne et cuisinière de Montalbano et Livia, sa maîtresse haute en couleurs.

Cette fois-ci, chassé croisé entre le procès d'un mafieux et une sombre affaire de vol de chevaux lié à des courses clandestines. Et, comme d'habitude, abondance de fausses pistes et de rebondissements. Un vrai plaisir ! Dans le cas de Camilleri, il faudrait vraiment que l'on invente l'expression : ça se lit comme du petit lait...
(Andrea Camilleri, La Piste de sable. Ed. Fleuve noir. Trad. de Serge Quadruppani.)

mercredi 29 janvier 2014

Dans les profondeurs de la blogosphère

Tout en haut de mon écran, il y a, en tout petit, une indication : "blog suivant". Suivant quoi, suivant qui ? Aucune idée. Au début où j'écrivais ici, je cliquais parfois sur cette fenêtre, espérant y lire des mots intéressants, des textes qui m'accrochent. Ça n'est jamais arrivé. Ceux qui font partie de ma liste de lectures aujourd'hui, je les ai connus par commentaires interposés de leurs auteurs ou en allant pirater la liste d'autres blogueurs.

Hier, j'ai eu envie de retourner voir derrière le miroir. Un petit quart d'heure m'a suffi pour faire plusieurs constatations :

- d'abord que la blogosphère semble s'être considérablement réduite, la plupart des sites qui m'étaient proposés ayant cessé d'être actifs depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. 2013 semble, de ce point de vue, avoir été particulièrement meurtrière.

- ensuite que le monde des blogueurs est bigrement féminisée : beaucoup de jeunes filles ou de femmes pour un petit nombre d'hommes. Il faudrait que nos ministres se penchent sur ce problème car, là, il n'y a pas vraiment parité (mais j'ai eu un peu l'habitude avec l’Éducation Nationale !)

- enfin que cette blogosphère est envahie de recettes de cuisine, de conseils de couture, de décoration, leurs auteurs ayant opté pour une présentation graphique d'une mièvrerie à pleurer. S'y ajoutent aussi de nombreux blogs montrant, photos à l'appui, les progrès faramineux du charmant trésor qui vient de naître dans la famille : premier biberon, première risette, premiers pas, etc.

Pas très réjouissante, cette petite promenade. Finalement, je vais rester accro aux blogs que je lis déjà : ceux-là me conviennent parfaitement et ne me déçoivent pas. Je n'avais, de toute façon, pas l'intention de les abandonner.

mardi 28 janvier 2014

Roland

La croyance populaire dit que nous avons tous notre sosie. Plusieurs fois, on m'a vu à tel ou tel endroit, à pieds, à vélo,..., alors qu'il ne s'agissait pas du tout de moi. D'ailleurs, les rares fois où je me suis trouvé face à face avec ces prétendus sosies, je n'ai guère admis une ressemblance frappante.

Mais hier, j'ai eu un choc : alors que j'étais arrêté à un feu est passé devant moi un homme qu'éberlué, j'ai pris d'abord pour un ancien ami. Or cet ami est mort depuis plusieurs années et l'inconnu avait approximativement l'âge qu'il avait au moment de son décès. Ce qui accentua le choc.

Cet ami eut une vie passablement mouvementée. Fils de gros propriétaires terriens de Bourgogne, il entama des études d'ingénieur de façon brillante. Et puis, un jour, sans que personne n'en sût jamais la raison, il abandonna tout et mena une vie vagabonde fortement imprégnée d'alcools en tous genres. Je l'ai connu alors qu'il avait une trentaine d'années et qu'il venait parfois se réfugier pour un soir ou quelques jours dans la communauté où je logeais à l'époque.

Je l'aimais bien car, à jeun, il avait une conversation intéressante, ne manquant pas de culture, en particulier littéraire. Mais bien vite, après quelques verres, il devenait très pénible, traitant tous les autres de cons, de ratés, alors que lui se vantait d'avoir des relations dans le "grand monde". Des femmes, en particulier, fort sensible à son charme (que je n'ai jamais décelé) et parlant une dizaine de langues.

Lorsque je pris un appartement avec Pierre, cela lui fit un havre de plus et nous le voyions régulièrement débarquer, en général au moment des repas. Il vécut même chez nous pendant à peu près six mois. Il avait trouvé un travail intérimaire et semblait vouloir s'en sortir. Chaque matin, nous lui donnions 10 francs, ce qui couvrait alors ses frais de transport, de nourriture et de cigarettes. Il était payé en fin de semaine et nous rembourserait, disait-il. Mais, le vendredi soir venu, il disparaissait et ne refaisait surface que le lundi, fauché comme les blés. Il avait bu sa paye.

Nous voulûmes, afin de l'aider, lui faire rencontrer un ancien AA (Alcoolique Anonyme). Le moment fut orageux : il prétendait ne pas avoir de problème de ce côté-là et souffrir simplement d'une paresse du foie. Nous avions, par précaution, rapatrié les bouteilles d'alcool dans nos chambres respectives. Il trouva le moyen de s'y introduire pour boire en cachette, la nuit.

Un jour, il nous proposa de nous présenter ses "amies" et nous emmena dans un bar louche du sixième arrondissement. Il fut effectivement accueilli comme un prince, mais par des entraîneuses de bas étage qui le prenaient visiblement pour un pigeon bon à plumer, ce qu'elles faisaient chaque fin de semaine.

Un jour, nous arrêtâmes les frais et le rapatriâmes dans sa famille, en Bourgogne. Ses parents l'accueillirent bien qu'ils ne l'aient pas vu depuis des années et malgré l’opprobre que l'on sentait peser sur lui dans tout le village.

Il y resta un an ou deux et, un jour, nous apprîmes sa mort qui survint dans des conditions particulièrement dramatiques : alors qu'il rentrait chez lui de nuit, après avoir passé une soirée bien arrosée dans un bar d'un village voisin, il fut sans doute trompé par le brouillard et les vapeurs d'alcool mêlés. On découvrit son vélo au bout de quelques jours, au bord d'une rivière. Il fallut ensuite quelques jours encore avant de retrouver son corps dans les eaux de la Saône, où la rivière se jetait. Était-ce un suicide ou un accident ? Personne ne le sut jamais, pas plus que ce qui l'avait fait basculer d'une vie rangée à celle de pochtron.

Malgré de mauvais souvenirs des six mois où nous l'avions hébergé et qui s'étaient souvent transformés en cauchemar, je fus touché par sa mort. Mais n'était-elle pas la suite logique d'une vie tout entière vouée à sa propre destruction ? Il s'appelait Roland mais se faisait appeler Mam's.

lundi 27 janvier 2014

Le Voyage de l'éléphant

Lire un Prix Nobel de littérature, ça peut impressionner. On se dit : " Accroche-toi, ça va être du lourd, il va falloir rester concentré. "

En fait, rien de plus léger que ce petit roman de José Saramago, un auteur portugais que je découvre.

Le Voyage de l'éléphant raconte, à partir de faits historiques avérés, le périple d'un éléphant d'Asie et de son cornac à travers l'Europe au milieu du XVI° siècle (1551). Parti de la tour de Belém à Lisbonne car offert par le roi Joâo III du Portugal à l'archiduc Maximilien d'Autriche, il devra traverser l'Espagne puis le nord de l'Italie, les Alpes et enfin l'Autriche et Vienne, sa destination finale.

Émerveillement des populations, peu habituées à contempler des pachydermes depuis les exploits d'Hannibal, manies et états d'âme des grands de ce monde, orgueil des chefs de guerre, réflexions "philosophiques" du cornac font partie du voyage.

Si l'on est, pour quelques pages, gêné par la présentation (peu de paragraphes, aucune majuscule aux noms propres, pas de séparation entre récit et dialogues, ponctuation essentiellement constituée de virgules, ce qui ne contribue guère à aérer la mise en page), on passe très vite sur ces inconvénients pour ne plus être attentif qu'à l'humour léger de l'auteur et son style tout aussi limpide.

Peut-être suis-je bon public (pourtant je ne crois pas) mais j'incite tout le monde à lire ce petit bijou dont je me souviendrai longtemps.
(Le Voyage de l'éléphant, José Saramago. Ed. du seuil.Trad. de Geneviève Leibrich.)

vendredi 24 janvier 2014

Obsession

L'expérience consistant à écrire un texte plus long qu'à l'accoutumée et surtout en principe destiné à être édité est toute nouvelle pour moi. Hormis quelques "romans" écrits dans mon adolescence et, à la relecture plus tardive, ne valant pas tripette, je n'ai jamais eu à m'absorber dans une telle tâche.

Car c'est bien d'une "absorption"  dont il s'agit. J'ai beau physiquement ne pas y consacrer tout mon temps, il n'en reste pas moins que j'en ai le cerveau assailli. Je me couche en y pensant, je me lève en y pensant (il se trouve peut-être que j'en rêve aussi la nuit, mais ça, je ne peux le dire), je mange en y pensant, je conduis en y pensant... De quoi parler d'abord ? Ce texte écrit il y a quelques années dans ce blog pourrait-il, mutatis mutandis, convenir ? Puis-je citer des noms ? De lieux ? De personnes ? Ici, ai-je été assez clair ? Là, n'est-ce pas aller trop loin ? Ce que j'ai écrit, est-ce bien ce que je pense ? Ne me suis-je pas laissé entraîner par ma pensée, par une trop grande nostalgie ou par une rancune momentanée ?

Bref, en ce moment, ce projet me prend la tête. Ce n'est pas forcément désagréable mais c'est nouveau pour moi. Mes petits camarades de blog qui, eux, ont déjà eu l'expérience de ce genre de choses (suivez mon regard) pourraient-ils, sur ce point, éclairer ma lanterne ?

jeudi 23 janvier 2014

C'est à vous

A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez l'agrandir en cliquant dessus.) 

Comédies italiennes

Pierre-Jean Remy, je connaissais son nom. Tout juste, en plus de cela, un titre : Le Sac du palais d'été, qui lui avait valu le Prix Renaudot, et que je n'avais pas lu. A part ça, rien.

Alors, dernièrement, chez Emmaüs, je me suis laissé tenter par un vieux livre de poche au titre attrayant pour moi : Comédies italiennes. Et puis, je l'ai oublié dans un coin de ma chambre jusqu'à dernièrement.

Deux hommes, un anglais, Peter, homosexuel, et Jean, français et écrivain, amis de vieille date et vieillissants, correspondent par lettres, l'un depuis les vertes campagnes d'Albion, l'autre retiré dans une abbaye de Provence dont on devine vite qu'il s'agit de Sénanque. Des lettres écrites, au style très littéraire, et qui rappellent sans cesse leurs nombreux séjours en Italie en compagnie d'Antonia, une jeune femme mystérieuse.

Exercice de style ? Non, pas seulement car, bien vite, apparaissent les failles, les anciennes rancunes, les non-dits qui finiront par se dire et envahir la dernière partie de ce roman jusqu'à la tragique vérité finale.

Le principal intérêt de ce livre a été pour moi les souvenirs qu'il a fait ressurgir de mes voyages personnels, en Italie ou en Provence, et je ne sais si ce sont les lignes que je lisais ou mes propres réminiscences qui m'ont le plus ému. Ainsi, pendant plusieurs soirs, ai-je revu, en ouvrant le roman, cet amandier en fleurs que je photographiai en compagnie d'Amédé tout près de Gordes. Puis vinrent les paysages d'Ombrie et de Toscane, ceux plus arides de Sicile, en particulier Palerme et Ségeste, le temple perdu dans la campagne, seul vestige d'une ville autrefois prospère.

Je ne lisais pas, je voyageais. 

mercredi 22 janvier 2014

De la nécessité de lire la notice des emballages.

Aujourd'hui, j'avais invité Frédéric à déjeuner et comme, il y a quelques temps, j'avais remarqué qu'il aimait les gésiers, j'ai voulu remettre ça à midi avec une salade frisée. Sur les deux boîtes achetées, il m'en restait une dans le placard que j'ouvris donc pour faire cuire à feu doux en attendant son arrivée.

Quand je revins surveiller la cuisson au bout de quelques minutes, la cuisine empestait : une odeur épouvantable, écœurante, à vomir. Et ça ne pouvait venir que de la poêle. Après avoir ouvert la porte-fenêtre en grand, je cherchai la boîte à la poubelle et découvris, un peu tard, que le produit devait se conserver au réfrigérateur en 0 et 4°. Il avait passé une dizaine de jours à température ambiante !

A la dernière minute, j'ai filé au magasin pour en acheter une autre et recommencer l'opération. Lorsque Frédéric est arrivé, il fallait voir sa tête ! L'odeur a mis deux bonnes heures à s'évacuer malgré courants d'air et produits adéquats.

Mais rassurez-vous : la seconde livraison était excellente. En tout cas, personne n'est mort ce soir !

D'autres débuts

"Histoire de ma vie" : c'est déjà pris par George Sand ! Alors, je choisirai un autre titre pour le témoignage que l'on me demande d'écrire...

J'ai envoyé les deux premières pages, une sorte d'introduction, à ma commanditaire à qui cela semble parfaitement convenir. Entre temps, j'en ai écrit trois ou quatre autres, sur mes débuts dans l'enseignement. Étrangement, cela, pour l'instant, me vient assez facilement. Mais, comment disait Letizia Ramolino : "Pourvou qué ça doure !".

Un seul détail m'embête un peu : la brave dame me demande un plan ! Quoi ! Comme à l'école ? J'ai toujours eu horreur d'en faire et c'est toujours contraint et forcé que je me suis soumis à cet impératif ! J'ai chaque fois l'impression que s'assujettir à des parties préétablies bride la spontanéité. Alors, je crois bien que je vais lui désobéir, à Suzanna ! Au moins tant que cela ne deviendra pas indispensable. Pour l'instant, ce sera "currente calamo" (sauf pour le style, auquel je prends garde) ou ce ne sera pas !

mardi 21 janvier 2014

De la nostalgie, M'sieurs-Dames (14)

Comme c'était "gentil" à cette époque !
Rachel, Le Chant de Mallory (1964)


Momentini

- Avant-hier soir, western à la télévision : "L'Homme des vallées perdues", de George Stevens (1953),  basé sur le roman de Jack Schaefer, avec Alan Ladd et Jean Arthur.  Un pur régal, même après avoir lu le livre. Et hier, "La Rivière rouge", de Howard Hawks, avec John Wayne et Montgomery Clift.

- J'ai enfin compris pourquoi les "vieux" vont toujours faire leurs courses aux moments de grande affluence : c'est parce qu'avant, ils DORMENT !

- Des nouvelles de cette dame qui me propose d'écrire sur ma carrière d'enseignant. Elle vient de m'envoyer une "note d'intention". Guère moyen de procrastiner encore... Je viens d'en écrire deux pages sur ma lancée. Un bon début, non ?

- Avez-vous remarqué combien de cigarettes sont fumées dans le film "A bout de souffle"  de Godard ? Peut-être pour justifier le titre ! Je gage que, si l'on en fait un jour un remake, ils seront tous non-fumeurs !

-  Un bouquet de jonquilles : rien de mieux, en ces jours gris, pour croire encore au printemps.


lundi 20 janvier 2014

Pas la peine de couper les cheveux en quatre.

Plume et Cornus, Samson et Dalila des temps modernes, s'étant lancés dans la présentation de leur chevelure respective et des réflexions qu'elle leur a suscitées leur vie durant, il m'est venu à l'idée de parler aussi un peu de la mienne.

Ma mère a conservé pieusement dans une petite boîte une mèche de mes cheveux de bébé. Lorsque je l'ai vue, il a fallu qu'elle me confirme que c'étaient bien les miens, tant la différence était grande avec ce que je connus par la suite : blonds et soyeux et sans aucune trace de frisure. Je ne devais avoir que quelques mois lorsqu'elle les a coupés !

Pendant mon enfance, jusqu'à environ l'âge de onze ans, je devins châtain foncé et ne garde aucun souvenir d'un quelconque état d'âme quant à mes cheveux. En revanche, je me souviens bien de ce coiffeur espagnol où l'on devait aller régulièrement, puisque le cheveu long faisait "sale", et qui, s'il n'employait pas le bol pour pratiquer sa coupe, en arrivait, au final, à la même "esthétique"! Heureusement, il prit vite sa retraite et nous eûmes droit, ensuite, à un Figaro un peu plus "visagiste".

La puberté m'apporta, outre des plaisirs jusque là inconnus de moi, une tignasse épaisse et très frisée, à la limite du crépu. C'était, paraît-il, l'héritage de mon grand-père maternel que je n'ai jamais connu mais dont les photographies montrent effectivement une chevelure épaisse et plus qu'ondoyante. A partir de l'adolescence, et juste par esprit de contradiction, je me les laissai pousser, y associant pantalons à pattes d'éléphant et maxi-manteau cintré. Ma mère eut beau hurler, rien n'y fit. Je me sentais tellement viril ainsi ! D'autant que j'avais aussi laissé pousser barbe et moustaches, histoire de bien marquer mon indépendance d'esprit.

Las, la nature m'ayant définitivement pourvu d'un poil frisé, épais  et récalcitrant, je dus vite abandonner la barbe qui ne poussait qu'où elle voulait et me donnait l'aspect d'un hamster à la bouche pleine. La moustache suivit de près, qui, elle, ne se décidait pas à pousser suffisamment. Mais je gardais les cheveux longs. Il me vint seulement, un jour, l'idée de les faire défriser, tant j'avais envie d'une mèche sur le front que j'aurais pu repousser d'un masculin mouvement de la tête, comme le faisaient tous mes camarades. Le résultat fut catastrophique : point de mèche, mais de fort belles anglaises, émanations inattendus des produits déversés sur des cheveux qui ne se décidaient pas à emprunter la ligne droite. De retour chez moi, je passai la tête sous le robinet et, quelques jours plus tard, j'avais retrouvé ma boule foisonnante.

A dix-huit ans, je pris mes premiers cheveux blancs. J'en étais très fier, comme d'un symbole de maturité, de grande sagesse et d'un charme irrésistible. Mais les bougres se mirent à essaimer un peu partout sur mon crâne  et plus particulièrement sur les côtés, alors que le sommet de la tête restait brun. De hamster, je me transformai en caniche. Mon frère, coiffeur, pendant plusieurs années, me fournit en produits destinés à "réparer des ans l'irréparable outrage".

Enfin, lorsque le poivre et sel fut à peu près réparti équitablement, j'abandonnai l'artifice et acceptai mon état, d'autant plus volontiers que je constatai vite que d'aucuns n'y étaient pas insensibles. Mais je coupai la brousse beaucoup plus court, à ras même lorsque je me mis à pratiquer la course à pieds. Aujourd'hui, le sel l'emporte largement sur le poivre, je continue à les garder assez courts et les coiffe "à la romaine", sur le devant. J'ai décidé que ça me donnait un petit côté "buste antique". Mais je ne connaîtrai jamais le plaisir de la mèche volante !...

dimanche 19 janvier 2014

Coeur de chien

Lorsque nous nous sommes rendus à l'opéra de Lyon hier soir pour la générale d'un spectacle, nous ne savions pas exactement à quoi nous attendre. Aucun de nous ne connaissait ce "Cœur de chien" d'un certain compositeur russe né à Moscou en 1953 : Alexander Raskatov. Musique contemporaine donc puisque cet opéra fut créé en 2010 aux pays-Bas.

Nous avons appris dans la salle que l'ouvrage s'inspirait d'une nouvelle fantastique de Mikhaïl Boulgakov, le célèbre auteur du "Maître et Marguerite", écrite en 1925 et interdite de publication par le pouvoir soviétique jusqu'en 1987 car jugée trop satirique, trop corrosive par le pouvoir de l'époque.

L'intrigue ? Preobrajenski, chirurgien renommé, habite Moscou, dans un très grand appartement où il pratique des recherches cliniques. Un jour, il recueille un chien affamé et va lui implanter l'hypophyse et les testicules d'un humain pour étudier l'influence de ces deux organes sur le rajeunissement d'un organisme. Mais le chien se transforme peu à peu en homme tout en conservant ses instincts bestiaux. De plus en plus opposé à son "créateur", il s'appuie sur les nouvelles structures locales du régime et devient même chef de la sous-section d'épuration des animaux errants, particulièrement, en tant qu'ancien chien, des chats qu'il élimine systématiquement.  Puis, face aux conflits incessants avec Preobrajenski, il essaie de le faire arrêter, en le dénonçant pour propos contre-révolutionnaires. Preobrajenski est sauvé in extremis par un de ses amis et décide de procéder à une "métamorphose" à l'envers. Lorsque la police criminelle arrive pour enquêter sur la disparition de Boulle (nom de l'homme-chien), le chirurgien leur présente la créature en train de se retransformer en chien.


Dès les premières mesures, je peux dire que nous avons été subjugués. La musique, indubitablement contemporaine, allie pourtant successivement plusieurs styles différents, depuis les grandes mélodies slaves du XIX° siècle jusqu'à, parfois, de faux airs de Mozart. Il y a même des moments extrêmement drôles, le compositeur ayant eu l'intention de se rapprocher d'un opéra bouffe, d'une œuvre de Rossini.

Et surtout, il faut rendre grâce à la mise en scène suprêmement intelligente et inventive de Simon McBurney et aux voix des cinquante acteurs, toutes d'une absolue beauté. Bravo aussi aux manipulateurs de la marionnette du chien qui parvenaient souvent à nous faire imaginer que c'en était réellement un. Pas de photos, hélas : elles étaient interdites dans la salle.

vendredi 17 janvier 2014

Fleur d'amandier

Me revient souvent en mémoire, ces jours-ci,  à cause de ma lecture actuelle, le voyage que je fis, un des derniers avant sa mort, avec Amédé, dans sa chère Provence d'adoption. Nous avions poussé, malgré sa fatigue déjà grande, jusqu'à Gordes et l'abbaye de Sénanque que je découvris dans son vallon strié par les champs de lavande.

Mais plus encore que la beauté du site et des bâtiments, propice à la méditation sereine, plus que les Bories de pierres sèches disséminées dans la garrigue, c'est une autre image qui m'apparaît chaque soir lorsque je me replonge dans le roman de Pierre-Jean Rémy : la magnificence fragile d'une fleur d'amandier que je photographiai plus bas, dans la plaine. C'est la seule fois que je vis cet arbre en fleurs, plus habitué que je suis à l'exubérance passagère des cerisiers, si admirablement magnifiée par les romans de Kawabata.

Pourquoi cette fleur est-elle aujourd'hui enracinée dans ma mémoire ? Pourquoi le souvenir d'Amédé est-il à jamais lié à cet arbre au bord de la route, isolé dans sa beauté ? Amédé qui dort maintenant sous la terre du Diois et que je projette d'aller visiter aux beaux jours. Mais y a-t-il des amandiers dans le Diois ?

jeudi 16 janvier 2014

Comment s'appelaient-ils ?

Comment s'appelaient-ils ? Je l'ai oublié, comme les détails de leurs traits. Des silhouettes me restent : lui, grand avait dû être un fort bel homme quelques années auparavant. Il en subsistait une stature imposante, bien que voûtée par l'âge. Elle, au contraire, était petite et frêle. Lui se taisait la plupart du temps, peut-être à cause de sa maladie dont je n'ai jamais su quelle elle était exactement. Mais sa bonhomie faisait excuser son silence. Elle, elle était souriante et affable, toujours prête à échanger quelques mots dans l'escalier où je les croisais souvent. C'est elle qui menait la maison pour sa grande armoire de mari.

Ils habitaient au premier étage, nous au second. C'est avec eux que nous avons d'abord tissé quelques liens, amicaux mais respectueux de l'indépendance de chacun, comme c'est la règle à Lyon. Une fois par an, ils partaient en vacances dans un établissement de Haute-Savoie, à Bossey, séjour dont son mari bénéficiait de par son ancien travail. Nous, nous étions souvent à Bons-en-Chablais, dans la maison familiale de Pierre. Un petit pas à faire et nous pouvions nous voir, ce que nous fîmes un après-midi d'été. Ils étaient radieux dans ce cadre serein et tellement contents de nous  retrouver. Ce n'eut lieu qu'une seule fois : ensuite, la maladie les frappa plus durement.

Nous avions (et j'ai toujours) à Lyon un carillon mural dans la cuisine. Nous le laissions égrainer son Westminster pendant la journée, mais la nuit, nous coupions la sonnerie pour ne pas les déranger.  Un jour, en revenant de faire ses course, elle m'en demanda des nouvelles. Pourquoi l'arrêtions-nous la nuit ? A mes explications, elle sourit et m'avoua, rosissant sous sa peau ridée, que cette marque des heures était pour elle une agréable compagnie pendant les nuits où elle ne dormait guère. Ainsi le carillon fonctionna-t-il, de ce jour, aussi bien la journée que la nuit.

Elle achetait tous les jours le journal, à la presse de l'avenue Félix Faure. Un matin comme les autres, elle ne revint pas. En sortant du magasin (ou était-ce avant d'y entrer ?), elle s'effondra sur le trottoir, terrassée par une crise cardiaque. Elle est enterrée au vieux cimetière de la Guillotière, là où Pierre repose aussi. Son mari, malade, dont elle avait tant pris soin, ne put rester seul et fut recueilli par l'un de ses enfants, quelque part, loin, dans l'ouest de la France. Nous ne le revîmes jamais et je ne sais par quel détour nous apprîmes un jour sa mort. A-t-il été inhumé aux côtés de son épouse ? Je ne le sais pas non plus. Un jour, peut-être, ferai-je l'effort de me renseigner au bureau du garde, à la Guillotière, mais à quoi bon ?

L'appartement fut vendu et loué à un jeune couple aux incessantes scènes de ménage. Les murs n'avaient pas l'habitude de ces hurlements et de cette violence. Nous non plus. Puis, à la séparation du couple, s'installa le fils des propriétaires, un étudiant en musique qui jouait du violoncelle. C'était moi alors qui bénéficiais du bruit de l'appartement voisin et ne me lassais pas des suites de Bach inlassablement reprises. Le musicien partit, un autre couple s'installa, lui calme, elle hystérique, et les cris reprirent de plus bel. Vinrent ensuite deux étudiants en pharmacie, aussi silencieux que peu sociables. Ils ne restèrent que dix mois et je n'eus guère le temps de les côtoyer. Puis l'appartement resta vide deux ou trois mois.

Aujourd'hui, grand bruit dans la cage d'escalier. De nouveaux arrivants s'installent. Comment seront-ils ? En les saluant, j'ai repensé à mes premiers voisins, ces deux vieux si charmants qui sont partis si vite. Mais comment s'appelaient-ils donc ?

mercredi 15 janvier 2014

Deux garçons, la mer

Un bon gros pavé, celui-ci, mais que je ne regrette pas d'avoir abordé, même si sa lecture, parfois, demande un peu plus de concentration que d'autres romans lus ces derniers temps.

Dublin, 1915. La guerre fait rage en Europe continentale et les Irlandais eux-mêmes se préparent à secouer le joug britannique. Une amitié entre deux jeunes garçons, Jim et Doyler, qui se transformera vite en amour malgré leur différence de classe sociale. L'un apprendra à nager à l'autre, leur rêve étant d'aller planter un jour le drapeau irlandais dans la baie de Dublin, là où le courant est extrêmement violent. D'autres personnages aussi, les familles des deux garçons, leurs pères surtout, et un aristocrate décadent, sorte de dandy à la Oscar Wilde qui les aidera à assumer leur désir et leur amour.

Comment rendre la beauté de ce livre ? Je n'y parviens guère dans ces quelques lignes. Alors, je vais citer ce poème d'Aragon qui commence ainsi : "Du peu de mots d'aimer, j'ai peine, qui fait que la phrase me faut..." . Allez, un effort : cela en vaut la peine.
(Jamie O'Neill, Deux garçons, la mer. Ed. Libretto. Trad. de Carine Chichereau.)

mardi 14 janvier 2014

Deux vieilles amies

Des copines de fac au téléphone, c'est un des avantages de la période des vœux. Faire, comme ça, de petites surprises en appelant plutôt que de répondre par carte ou mail. Depuis combien de temps ne nous sommes-nous pas vus ? Pendant toute notre vie active, en fait.

Anne-Marie travaille toujours, pour au moins deux ans encore. Elle habite près de Paris et m'envoie annuellement de ses nouvelles et de celles de son mari et de ses enfants. Lettre un peu figée dont je me moquais beaucoup à une époque, lorsque je tendais à Pierre l'enveloppe non ouverte et prédisais son contenu. Je ne me trompais jamais. Mais elle est d'une grande fidélité. C'était un fille timide et doutant toujours d'elle et de ses capacités intellectuelles. Aujourd'hui, elle est toujours aussi stressée et consciencieuse. Échange un peu formel donc mais je lui dois bien ça, à elle qui fut, un temps, amoureuse de moi au point, le jour de son mariage, de m'inviter, au lieu de son mari, à la première danse. Ce qu'elle ne savait pas et qu'elle n'a jamais su, c'est que ce soir-là, je n'avais d'yeux que pour un sien cousin au physique d'acteur américain.

Nicole, c'est autre chose. D'origine pieds noirs, c'est une passionnée, une bougeante, une toujours active. J'ai été très heureux de l'entendre tout à l'heure et de la retrouver telle qu'elle a toujours été : la même voix et surtout, surtout, le même rire communicatif. Elle est à la retraite depuis octobre et ne perd pas son temps entre son premier petit-fils et ses activités théâtrales ou littéraires. Nous avons émis l'idée de nous revoir un de ces jours, ou à Lyon ou dans l'Ain où elle réside. Je suis sûr, vue la longueur du coup de fil, que nous avons encore beaucoup de choses à nous dire.

dimanche 12 janvier 2014

Pourquoi pas ?

Fêter le jour de l'an le 12 janvier, pourquoi pas si cela permet à neveu et nièce d'être présents. C'était donc aujourd'hui en famille. Et, pour une fois, cela ne m'a pas pesé. J'étais bien là, parmi eux, et pas ailleurs, à rêver d'autre chose. Mon frère était là aussi, présent dans nos pensées. Au menu, tajine commandé par ma belle-sœur dans une boutique approprié et galette des rois.

Rien que de simple, avec un peu de champagne. Et puis nous sommes enfin sortis aussi de cette habitude des cadeaux obligatoires, véritable casse-tête pour trouver ce qui ferait plaisir. Pour ma part, j'avais résolu le problème cette année : à tous une pochette de jeux à gratter avec gains éventuels à l'appui. Je redoutais un peu la tête qu'ils allaient faire quand ils découvriraient mon idée. Eh bien, tout le monde a été ravi, pourtant sans gagner beaucoup. La table de la salle à manger s'est un long moment transformée en véritable tripot. Sages comme des images, ils étaient, la famille.

Ce soir, tout le monde a repris son train ou son avion. Allez, c'était pas si mal....

vendredi 10 janvier 2014

C'est à vous

A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez l'agrandir en cliquant dessus.)

Le pouvoir des mots

Pourquoi aimer à ce point les mots ? Rien ne m'y prédisposait pourtant. Issu d'un milieu très humble, j'eus la chance d'avoir une mère qui aimait la lecture et n'a jamais censuré les miennes. J'eus l'autre chance de faire des études classiques dans le meilleur lycée de Saint-Étienne à l'époque et d'y connaître des professeurs exceptionnels, des puits de science qui m'ont fait aimer la littérature.

Ce n'était pourtant pas gagné d'avance : ce lycée était en principe réservé aux hautes classes de la société stéphanoise et j'aurais dû normalement atterrir dans un autre, moins coté. Comment suis-je arrivé dans celui-ci, je n'en sais rien, pas plus que sur mon orientation en lettres classiques. Les fils d'ouvriers y étaient très rares et souvent regardés d'un peu haut. Est-ce cela qui m'a fait me rebeller, vouloir me hisser à leur niveau (ou ce que je croyais être leur niveau), acquérir une culture qui n'était pas celle de ma classe ? Peut-être. Étant censément inférieur, je voulais leur prouver que je pouvais réussir.

Je le fis si bien que, pendant quelques brèves années, j'en vins à renier mes origines qui, alors, me faisaient presque honte. Cela ne dura pas car je me rendis vite compte de la richesse de cette autre culture, la populaire, que j'avais, moi, la chance de posséder en plus de l'autre. Lorsque j'arrivai à la faculté puis dans l'enseignement, on me prit souvent pour un bon bourgeois lyonnais, ce qui, en un sens, me comblait, mais ce que je me hâtais bien vite de nier, par amour de la vérité et sens inné de la provocation.

Aujourd'hui, tout cela me semble bien ridicule et je n'ai plus aucun de ces états d'âme de l'époque. Je sais le pouvoir des mots et je sais m'en servir lorsqu'il le faut. Et l'un d'entre eux me vient régulièrement à l'esprit : c'est merci. Merci à tous ceux qui m'ont fait ce que je suis.

jeudi 9 janvier 2014

De la nostalgie, M'sieurs-Dames (13)

Jean-Claude Annoux, Aux jeunes loups.(1965)

Jouez, hautbois, résonnez, musettes

Sonnez, trompettes, aussi, car l'événement est d'importance : notre chevalier Lancelot est de retour, après des mois passés à guerroyer ou prisonnier d'un sortilège infernal ! Le revoilà, tout frais, tout beau, avec des billets aussi longs qu'avant (mais comme on les aime !) . Allez, je vais de ce pas lui mettre un commentaire !

Une femme d'extérieur.

Elle était drôle, vaillante, parlait haut avec son accent jamais perdu de Haute-Marne malgré les décennies passées en Haute-Savoie. Elle cuisinait divinement, était curieuse de tout (la soirée à aller voir de près à quoi ressemblaient des prostitués travestis !), inventait des solutions pratiques pour se faciliter la vie, comme sa "machine" à planter des graines dans son jardin sans jamais se baisser.

A la retraite, après la mort de "son" curé dont elle était la bonne, mais combien plus que ça, elle est repartie sur ses terres de l'est, d'où elle m'appelait souvent, si souvent même à la fin pour me redire les mêmes choses, que j'ai perçu que quelque chose n'allait plus. Quelque chose, c'était cette merde d’Alzheimer, ce que l'on m'a appris il y a un peu plus d'un an et qui m'avait bouleversé. "Mais je suis contente, je sors demain !" . J'en avais parlé, à cette époque, de mon Odile dont j'ai gardé toutes les lettres parce qu'elles ne ressemblent à aucune autre, avec leurs collages, leur style elliptique que l'on comprenait pourtant toujours.

Elle y est encore, à l'hôpital, je l'ai appelée hier. Elle ne parle plus, sa sœur est morte, de la même maladie. L'infirmière n'a pu en tirer qu'un grognement. Lorsqu'on lui présente une photo de "son" curé pour qui elle a abandonné son métier d'institutrice, elle ne sait plus de qui il s'agit. Ça peut être triste, des vœux. Pourtant, pourtant, un détail m'a réjoui : chaque jour, si l'on n'y prend garde, elle desserre les freins de son fauteuil roulant et tente de s'enfuir dans les couloirs de l'hôpital. Comme ma mère. Elle a toujours été une femme d'extérieur. Je dirai bientôt "elle fut".

mercredi 8 janvier 2014

Pulp Fiction

Je récupère peu à peu des années d'abstinence cinématographique. Ainsi n'avais-je jamais vu Pulp Fiction, de Tarantino, pourtant sorti en 1994. Voilà qui est fait.

D'abord une petite appréhension vis à vis de Travolta qui n'a jamais été ma tasse de thé, mais appréhension bien vite balayée par le rythme du film, sa musique, son humour et son récit non linéaire. Wikipédia me dit qu'il s'agit d'un film postmoderne. Alors, vive le postmodernisme si tout y est de cette qualité.

mardi 7 janvier 2014

Une journée rien moins que particulière

Quand je dis que ça passe, ça passe, mais alors à une allure folle ! Au point de se demander où on trouvait le temps, avant, quand on travaillait.

A peine levé (bon, un peu tard, d'accord), la journée est terminée. Quelques courses, un rendez-vous chez le kiné, la visite d'une amie (Merci, Marie-Claire d'être passée, même rapidement : tu es si calme, ça me fait du bien), quelques coups de téléphone pour les vœux, le repas de ma mère, un détour chez Frédéric pour manger des cailles et une bonne galette maison à la frangipane (dont j'ai rapporté un morceau pour mon petit-déjeuner demain matin) et voilà.

Bon, après, il y a l'ordinateur, la lecture, le petit en-cas medianoche, la douceur des draps de coton, mais ça, c'est à moi tout seul, juste à moi, comme un point sur le i d'une journée bien agréable. C'est éprouvant, la vie de retraité ....

lundi 6 janvier 2014

IRM

On vous fait remplir un questionnaire. Eh oui, en cas de problème, il faut bien que les médecins se couvrent. Puis on vous fait entrer dans un tout petit vestiaire où les revues pour patienter n'ont pas été actualisées depuis des mois. De toute façon, pas le temps de les lire : on vous fait déshabiller en vous expliquant ce qui va se passer.  J'écoute d'une oreille distraite : je connais, j'y suis déjà passé.

La blouse bleu pâle, dans quel sens ? Ah oui, l'ouverture dans le dos. Puis, on vous fait grimper sur un escabeau et étendre sur un plateau coulissant qui bientôt pénétrera dans le tunnel. Surtout ne plus bouger. On me redemande si je suis claustrophobe. Non, je ne le suis pas, en tout cas pas ici. Plutôt curieux. Pas du processus, je connais, mais de la façon dont ça fonctionne. Parce qu'on ne voit rien bien sûr.

On vous met un casque sur les oreilles, pour atténuer le bruit que certains ne supportent pas. De la musique dans le casque, style supermarché. Il faudra que je leur donne quelques conseils. Surtout ne plus bouger. Et ça commence. On regarde le dôme de l'engin, à quelques centimètres des yeux. Moi, lorsque je suis allongé un moment, j'ai envie de dormir, pas de bouger. Le dôme est rayé, ici et là. Des patients irascibles ?

Et puis voilà que, alors qu'on est bien calme, il vous vient soudain une envie de tousser. Respire à fond, coco (par le thorax, surtout pas par le ventre), ça va passer. Ou bien un furieux besoin de vous gratter le nez qui vous démange. Alors, penser à autre chose, à la musique qu'on aurait aimé entendre. Mais le bruit la couvre, alors à quoi bon ?

Très vite, on ne sait plus depuis combien de temps on est là dedans. Il doit faire nuit dehors, et les embouteillages doivent commencer à se résorber. On sera vite rentrer chez soi. La manipulatrice est agréable et drôle. Comme d'habitude dans ces cas-là, je plaisante. C'est un bon public.

Voilà, c'est fini. Retour au vestiaire puis compte rendu du radiologue. Ils sont deux, l'un bavard et l'autre pas. Aujourd'hui, c'était le pas causant. Sympathique mais pas causant. Résultat satisfaisant. Rien n'a évolué dans le mauvais sens. En sortant, coup d’œil sur le bâtiment où Pierre est mort et où mon père est passé avant de mourir ailleurs. Pourtant, j'aime toujours cet endroit, au sommet de la ville. On dirait presque la campagne.

Effectivement, les embouteillages sont passés. Maison.

dimanche 5 janvier 2014

Et un peu de musique, ça vous dirait ? (133)

Une rareté. En tout cas, moi je ne connais pas du tout. Mais je laisse la parole au(x) spécialiste(s) !
(France Gall lors de la Finale du concours de la chanson Allemande 1970.) A mon avis, elle a fait beaucoup mieux depuis...


C'est reparti, comme en 14 !

Les fêtes passées, la vie reprend son petit train-train quotidien : coucher tard, lever tard, procrastination à outrance, lecture, télévision (où je suis exaspéré d'entendre parler sans cesse d'un homme qui, visiblement, s'y entend mieux à tenir un volant de bolide que des bâtons de skis), ordinateur...

Quelques vœux par téléphone, occasion de rependre contact ou vérification que les plus vieux sont toujours de ce monde. Pour ces derniers, la conversation tourne vite court car la plupart (la mère d'Yvon par exemple) a l'oreille de plus en plus dure d'année en année et j'aurai sans doute bientôt d'autres noms à biffer de mon carnet d'adresses. Ainsi va la vie... Mais c'est reparti...

samedi 4 janvier 2014

Et si on changeait, pour une fois !

Il y a des gens qui tiennent absolument à vous faire plaisir et vous offrent toujours quelque chose au nouvel an. Ainsi en est-il de l'ancienne infirmière de ma mère, par ailleurs amie de la famille. Chaque année, j'ai droit à mon petit paquet délicatement emballé dans du papier de circonstance où je fais semblant de découvrir, émerveillé, un livre. Or, surpris je ne le suis guère puisque, chaque année, c'est à peu près la même chose : manuel du parfait retraité, meilleures blagues du monde entier, un ramassis de petites histoires "drôles" auprès desquelles l'humour de papillotes a un parfum délicatement proustien.

L'autre jour pourtant, mon œil a  brillé un instant. En me tendant le paquet, elle m'avoua avoir lu le livre avant de me l'offrir, de même que celui qu'elle avait offert à son frère : un roman de D'Ormesson.Tiens, si le frère a eu droit à un académicien, peut-être donc vais-je, moi, bénéficier enfin d'un roman. Même si elle ne connaît pas mes goûts littéraires, ce sera toujours mieux que ces conneries dont je me demande comment on peut les éditer, pensai-je in petto.

C'est donc un peu fébrile que je déchirai l'emballage pour découvrir devinez quoi ? Le Grand Livre des histoires drôles 2014. J'ai remercié, bien sûr, en voyant par avance l'emplacement que je  réservais à l'ouvrage, toujours le même : la corbeille à revues au fond de mes toilettes, où je me dis qu'un jour de constipation, j'en feuilletterai quelques pages. Hélas, j'ai un transit tout ce qu'il y a de plus normal...

vendredi 3 janvier 2014

Rien, comme disait l'autre avant de perdre la tête.

Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise, moi ? Plus de collège, donc pas d'anecdote sur les élèves ; aucune perle relevée hier entre amis pendant que nous finissions les restes du réveillon ; lecture d'un gros pavé, ça avance, ça avance mais pas de compte rendu en vue ; aucune photo intéressante prise ces derniers temps, donc rien à montrer ; journée à glander, donc rien à glaner ; de la musique ? je ne peux tout de même pas vous en abreuver ; alors rien !

Ah ! si ! juste une chose : j'aime de plus en plus le point-virgule !

mercredi 1 janvier 2014

Un sourire malgré tout

Rien de bien marquant à raconter sur le Réveillon d'hier soir passé chez un ami (le "Marquis", un des deux spécialistes de la perle). Il a presque fallu attendre 2014 pour que Dupond, son acolyte (tiens, je vais les appeler comme ça maintenant, Dupont pour la noblesse, et Dupond pour le Tiers-Etat) nous en sorte une en voulant faire un compliment : "Dis donc, tu as astiqué ta ménagerie en argent ?!". Belle reprise de volée par la mère de Frédéric, particulièrement élégante pour la circonstance, qui, comme nous, n'en laisse pas passer une !

Aujourd'hui chez ma mère que j'ai vue, elle toujours morose maintenant, manifester un début d'intérêt devant le Concert du Nouvel An en direct de Vienne. Les valses, elle a toujours aimé ça et dansait divinement bien. Intérêt au point de demander que l'on augmente le son. Sa dernière valse, c'était au second mariage de mon frère, il y a une quinzaine d'années, où elle m'avait demandé de la faire tourner malgré un début de handicap.

Ce matin, ma sœur lui a pris les mains dans son fauteuil roulant et a esquissé avec elle un semblant de valse. Je suis parti dans la cuisine pour ne pas montrer mon émotion. Ma mère souriait.

Alors, je vous souhaite à tous de garder, pour 2014, ce sourire, malgré les chagrins, malgré la maladie, malgré les petits ennuis de la vie quotidienne. Un sourire venu du fond, qui touchera tous ceux qui vous entourent.

Bonne année et continuons à nous aimer.