mercredi 29 février 2012

Tous les 4 ans

Bon anniversaire à Gérard Darmon, Michèle Morgan et .... Gioachino Rossini. Un jour à ne pas manquer puisqu'il ne revient que tous les quatre ans. Étrangement, d'ailleurs, elles sont très peu nombreuses, les célébrités, à être nées (ou mortes) ce jour-là, même en tenant compte de la périodicité. Hasard ou tricherie de parents bien intentionnés?

Rouge (4)










Cours de la Liberté, Lyon 3°

Accro

Bon, il est temps que j'en parle, même si vous avez tous eu la délicatesse de ne rien me demander. J'avais, il y a quelques mois, émis l'idée d'arrêter de fumer. Je ne l'ai toujours pas fait. Au contraire, en consommation, la situation a empiré. Ce n'est bien sûr jamais le moment: trop de travail, beaucoup de choses à assumer, j'attends les prochaines vacances (non, pas le 1er janvier, ça ne marche jamais), je vais grossir, je vais devenir imbuvable, etc..?.

Là, j'ai entrepris quelque chose. Je ne sais pas si j'y crois vraiment mais ça ne coûte rien d'essayer. Mon amie Marie-Claire, psychologue, me voit une fois par semaine pour me couper l'envie du tabac. D'après ses conclusions au bout de deux séances, je suis accro à la nicotine (plus qu'à la cigarette ou à la fumée). Une troisième séance suivra la semaine prochaine, puis une séance d'hypnose. Pour l'instant, aucun résultat probant. mais pourquoi pas. Lorsque j'avais renversé une de mes élèves en voiture, elle avait réussi à me désangoisser: chaque fois que je passais à ce passage pour piétons, j'étais tétanisé. Après son intervention, cette phobie a disparu. Bien sûr, je ne peux m'empêcher d'y penser mais je reste serein maintenant. Alors, contre tout cartésianisme, je lui fais confiance. Je vous dirai ce que ça donne!

mardi 28 février 2012

Ineffable

Cet après-midi, c'était la fable avec les sixièmes: Esope, Phèdre, La Fontaine et une planche d'une BD de Turf, La Fontaine aux fables. Un gros succès bien sûr avec cette dernière dont nous avons analysé la mise en images, les plans, les couleurs et la fidélité ou non au texte. Je les ai rarement vus aussi bavards, me faisant même remarquer des détails auxquels je n'avais pas fait attention.

Mais la cerise sur le gâteau, ce fut une petite fille toute timide qui est venue la mettre en fin de cours, lorsque nous faisions le bilan de tout ce qui avait été dit. Elle a levé la main, j'ai failli ne pas l'apercevoir tant le geste était discret. Et lorsqu'elle je lui ai donné la parole, elle a énoncé quelque chose de magnifique, avec une voix calme et bien posée. "Finalement, ce renard, il est assez volubile!"

Fallait voir ma tête à ce moment-là sans doute! Volubile! Une élève de sixième qui connaît ce mot là! Je l'aurais embrassée!

Et un peu de musique, ça vous dirait ? (83): années 60

The Supremes, Baby Love, 1964.

Manazuru

Ma passion pour les auteurs japonais serait-elle en train de s'émousser peu à peu ? J'ai voulu en essayer un, une plutôt, inconnue de moi à ce jour: Kawakami Hiromi. La quatrième de couverture était assez tentante, qui parlait du bruit de la pluie, de l'éblouissement des étincelles d'un incendie, de l'envol de hérons blancs, de petites choses du quotidien.

Le titre: Manazuru, nom de la ville balnéaire où une femme se rend par trois fois pour tenter de retrouver son mari disparu des années plus tôt. Je ne sais qu'en penser: c'est un mélange de passages très attachants, avec quelques moments de poésie rayonnante, et de pages interminables sur la semi-folie de cette femme qui se sent accompagnée d'une autre femme fantomatique avec qui elle converse. Dans toute la partie centrale de ce roman, on ne sait pas trop s'il faut continuer à lire ou envoyer l'ouvrage aux orties tant ces séquences "oniriques" sont lourdes et longues.

Bien content, hier soir, de tourner la dernière page et d'entrouvrir avec gourmandise mon prochain De Luca.

( Kawakami Hiromi, Manazuru. Ed. Picquier. Trad. de Elisabeth Suetsugu.)

lundi 27 février 2012

Rouge (3)










Quand je vous le dis !

Maurice André (1933-2012)

C'est en lisant le blog de P.P que j'ai appris sa mort. Merci, Monsieur André, de m'avoir fait aimé la trompette.

Momentini

- Mal dormi cette nuit, comme à chaque fois avant la rentrée. Ils étaient tous là ce matin, ni plus ni moins bien qu'avant les vacances. La parenthèse est refermée. A moins que ce ne soit le collège la parenthèse. La seule différence: il fait jour maintenant quand je pars.

- Un vol de corbeaux l'autre jour, des dizaines qui tournoyaient dans le ciel de ma rue. Ils vivent en couple, parait-il. Combien de célibataires dans le lot?

- J'ai racheté des tulipes rouges au marché. Elles vont bien dans mon salon. En ce moment, c'est rouge. J'en ai été interdit des années durant.

- Je porte l'écharpe de Frédéric, pendant une semaine. Dans le cachemire, l'odeur de son parfum, que j'ai senti ce matin aussi dans mon couloir. Une belle écharpe d'un violet lumineux. Personne ne l'a remarquée, sauf un qui m'a demandé si j'étais malade.

- Réservé l'avion pour Rome, et le petit appartement du Trastevere avec terrasse sur les toits. Ce sera fin juillet-début août. Il fera chaud. J'aime Rome en été. J'aime Rome tout court.

dimanche 26 février 2012

Ingrid à la montagne



J'avais le souvenir d'une musique obsédante, de traces noires, parallèles, dans la neige, du visage lisse d'Ingrid Bergman et de celui, halluciné, de Gregory Peck. Je n'avais jamais revu ce film, je crois, et en gardais une sorte d'inquiétude d'enfant, comme s'il y était caché une vérité sur moi que je ne voulais pas affronter.

Ce soir, les choses sont en place. Arte a passé La Maison du Docteur Edwardes, d'Alfred Hitchcock. Mes souvenirs étaient exacts, mais rassurez-vous: je n'ai rien découvert qui me concerne. Pas un temps mort dans ce film, pas un moment où l'on pense tout à coup à aller aux toilettes ou à fumer une cigarette. Et même si la psychanalyse y est présentée de façon un peu simpliste, même si la belle Constance Petersen ressemble plus à un détective privé amoureux qu'à un médecin psychiatre, ça marche, on est pris dans les roueries de ce bon vieux Alfred qui se joue de nous comme un chat d'une souris qu'il sait à sa merci. Et puis, il y a aussi Dali et Ben Hecht au générique.

Une bonne façon de finir des vacances dont j'aurais bien repris une petite dose!

Dîner de vieux

Qu'y a-t-il de plus fatigant qu'un dîner des cons ? Un dîner de vieux, dont les trois-quarts sont quasiment sourds et le reste parle trop fort ! Et parle de quoi ? Du changement de numéros des bus lyonnais, de l'avantage de vivre dans une maison ou dans un appartement, de la politique vue du Café du Commerce, de quelques souvenirs grivois déjà cent fois entendus et aujourd'hui éventés, de la chasse aux phacochères en Afrique que l'on ne peut même plus envisager tant les temps sont incertains, de ses opérations de la cataracte chez un ophtalmo tellement bon (!).... Et en plus, les tagliatelle étaient trop cuites! Heureusement, cette fois-ci, nous avons échappé au Boulaouane, ce vin rosé marocain que j'ai du mal à avaler! Je me suis enfui quand ils ont sorti les cartes à jouer.

Il n'est pas très charitable d'écrire comme je le fais après avoir été invité, mais ça défoule. C'était ma bonne action du dimanche...

Rouge (2)










Cours Gambetta, Lyon 7°

samedi 25 février 2012

Et un peu de musique, ça vous dirait ? (82): années 60

The Chordettes, Lollipop. 1958.
(Bon d'accord, 1958. Mais on ne va pas chipoter pour deux ans!)

Rouge (1)










Cours Gambetta, Lyon 3°



(Cliquer sur la photo pour l'agrandir.)

Les Possibilités

Une invitation, ça ne se refuse pas! Même si, au départ, ce n'est pas le genre de spectacle que l'on choisit spontanément tant est présente au fond de soi la peur de s'ennuyer devant une pièce contemporaine trop difficile d'abord. Je me souviens encore de multiples expériences très douloureuses les dernières années de mon abonnement au TNP!

Heureuse surprise hier soir à l'Ensatt (École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre), ancienne "Rue Blanche" créée en 1940 et délocalisée en 1997 à Lyon, dans le 5° arrondissement. Les étudiants de la 71° promotion y donnaient six des dix pièces du recueil de Howard Barker (auteur anglais né en 1946): Les Possibilités. Pièces courtes puisque l'Atelier spectacle de Sophie Loucachevsky ne durait qu'une heure trente, dans la salle Laurent Terzieff, acteur disparu depuis peu dont une magnifique photo orne l'entrée: son dernier rôle dans Philoctète de Sophocle, que nous avions tant aimé, Frédéric et moi.

Dans le lot m'ont particulièrement plu (et avis partagé par mes deux compagnons de goguette, Frédéric et Jean-Claude) celles intitulées Rares sont ceux qui peuvent porter ce fardeau et Elle saisit bien l'idée mais... La première m'a fait penser à Fahrenheit 451 devant ce personnage mi bouquiniste mi clochard déjanté qui est (ou croit être) persécuté par les policiers d'une société totalitariste. Le rôle est tenu par un élève nommé Maxime Mansion qui me paraît avoir un grand avenir devant lui.




La deuxième, sous des allures comiques, est extrêmement troublante. Une femme chauffagiste, en bleu de travail, est convoquée par la "direction" qui la somme de s'expliquer sur l'aménagement qu'elle a fait de cet habit de travail en laissant apparaître un petit bout de ses chevilles. Au nom de la parité, la femme ne doit pas chercher à séduire! L'ouvrière se révolte: "Vous me faîtes avoir honte de ce dont je ne devrais pas avoir honte." Et lorsqu'elle s'en va, "l'inquisitrice" s'envoie en l'air avec un de ses collègues masculin. Fais ce que je dis mais ne fais pas ce que je fais. Est-on encore dans la fiction, là ?

Je ne veux pas oublier toute l'équipe technique, costumes, son, lumière, qui a contribué à faire de ce spectacle un moment de grande qualité. Merci, l'Ensatt.

Quelques photos puisqu'il m'a été permis de les prendre.

vendredi 24 février 2012

Et le monde s'ouvrait.

Cette musique sur le petit écran et mes yeux d'enfant s'ouvraient sur le monde. Ah! que j'aimais!
Marc-Antoine Charpentier est décédé le 24 février 1704 à l'âge de 59 ans. Il y a de cela 308 ans.

Revenons à l'essentiel !

Reçu d'une amie cette courte vidéo qui, pour une fois, me ravit.

Les incontournables

Il y a des romans incontournables que l'on a honte de ne jamais avoir lus, surtout si, comme moi, on travaille dans les "Lettres" (Eugénie Grandet en est un bel exemple, que je n'ai jamais pu avaler bien que longtemps passionné de Balzac), il y a des films qu'il est interdit de ne pas avoir vus, des voyages qu'il faut absolument avoir faits, des metteurs en scène que l'on ne peut pas ne pas adorer au risque de passer pour un rustre.

Eh bien voilà, c'est fait, depuis hier soir. J'ai enfin vu La Guerre des boutons, d'Yves Robert d'après le roman de Louis Pergaud. Je sais maintenant qui sont Lebrac et Petit Gibus. Mais, franchement, je ne crois pas que ma vie va en être changée.

Bien sûr, c'est parfois drôle, bien sûr on a plaisir à retrouver la France de son enfance (pour mon cas personnel en tout cas, puisque à la sortie du film, en 1962, j'avais approximativement le même âge que les protagonistes des deux bandes), bien sûr on aime les acteurs qui jouent les parents (Galabru, Richard, Dufilho, Tchernia, Etiévant). Mais comme tout cela a aujourd'hui vieilli et semble souvent caricatural !

Restent une certaine poésie, un peu facile et sucrée, et le plaisir du noir et blanc. Et puis des souvenirs qui reviennent comme ça, au fil des images, comme, tout au début du film, la vente des carnets pour lutter contre la tuberculose, ou la blouse de l'instituteur, ou la recherche du sens encore caché des "gros mots". Sans doute ne faut-il pas bouder ces plaisirs et ne pas aller chercher plus loin.

jeudi 23 février 2012

Et un peu de musique, ça vous dirait ? (81): années 60

The Crystals, Da doo ron ron. 1963.

Rien à voir










Cours Gambetta, Lyon 7°



(Cliquer sur la photo pour l'agrandir.)

Caramentran et Couramiaud.

Les frasques (et les photos) de Plume la Bretonne m'ont remémoré deux traditions de chez nous que j'avais à peu près oubliées.

La première, c'est le bûcher de Caramentran. Ce nom, provenant de la déformation de "Carême entrant", était porté par un grand pantin promené en défilé dans toute la ville puis brûlé le soir du dernier jour gras, la veille du Mercredi des Cendres, après un jugement sommaire. Cette exécution avait une valeur apotropaïque c'est à dire qu'elle éloignait le danger de la population de la ville pour qui il symbolisait tous les malheurs survenus, tous les péchés à effacer. L'occasion ultime pour faire la fête aussi, avec musique et danses échevelées. Cette tradition est relativement répandue dans la France entière

La deuxième est beaucoup plus locale et justifie le surnom des Saint-Chamonais, habitants de Saint-Chamond (Loire): les "Couramiauds". Lors de la fête de la Saint-Jean, au mois de juin, il était autrefois d'usage d'enfermer un chat noir, symbole du diable, dans une cage en osier que l'on suspendait à un mât au-dessus du feu. Ainsi se purifiait-on au moment du solstice d'été, symbole de renouveau. Lorsque, atteinte par les flammes, la cage tombait, soit le chat finissait brûlé vif, soit il parvenait à s'enfuir et les Saint-Chamonais se livraient alors à une course effrénée pour le rattraper. On disait qu'ils couraient au "miaou", d'où leur surnom de "couramiauds". Plus tard, le vrai chat fut remplacé par une effigie plus grande que nature à qui l'on faisait subir le même sort à la fin de la fête. C'est seulement à cette version plus "humaine" que j'ai assisté étant enfant. Je ne sais pas si cela se fait toujours.

mercredi 22 février 2012

Momentini

- Vicissitudes du corps: un problème au pied gauche, un testicule endolori suite à un choc, une côte froissée, un mal au dos qui ne passe pas depuis quelques jours. Je crois bien que Calyste va rester bien tranquillement au chaud chez lui cette fin de semaine.

- Hier soir, dîner avec Marie-Claire au Jade, un restaurant asiatique dans le 6°. Cadre sobre à dominante noire. Bonne cuisine à des prix acceptables. Mais je ne me fais pas à leurs verres et à leurs plats qui penchent. Toujours le réflexe de vouloir les redresser. Une soirée à échanger, sans temps mort. Avec Marie-Claire, on ne s'ennuie jamais.

- Le redoux ne vaut rien à ma mère. Elle est redevenue pénible, genre Calimero, et a le cerveau qui breloque un peu: elle m'a demandé l'autre soir si j'avais enlevé mes bas !

- Vu avant-hier deux films de Truffaut: Domicile conjugal et L'Amour en fuite, les deux derniers de la "saga" d'Antoine Doinel. Un peu de mal, au début du premier, à rester concentré et puis le charme a agi. Même Jean-Pierre Léaud m'est resté supportable. Et Dorothée, dans le second, ne joue pas si mal que ça. Surtout plaisir de revoir une pléiade de seconds rôles, comme Rosy Varte, Daniel Ceccaldi, Claire Maurier, Julien Bertheau, Dani ou Daniel Mesguich. Et puis le fragilité de Claude Jade et la beauté de Marie-France Pisier. Parfois pensé à du Rohmer. Mon film préféré de Truffaut: L'Homme qui aimait les femmes.

- Vu de dos, hier en arrivant à la clinique, une aide-soignante noire à la chevelure orange flamboyante. Surpris de la violence de cette couleur dans ce monde un peu glauque. Lorsqu'elle s'est retournée, j'ai vu qu'elle portait un loup. Oublié que c'était Mardi-Gras.

Et un peu de musique, ça vous dirait (80): années 60

The Ronettes, Be my Baby. 1963.

Onze, sans réfléchir.

Je croyais que répondre à l'invite de Christophe allait me demander beaucoup de temps. Finalement, même pas. Peut-être parce que ses questions ne me laissent pas indifférent.

Questions de Christophe:
1 – Quelle superstition vous accordez-vous ?
2 – Le premier film vu au cinéma... Quel souvenir en gardez-vous ?
3 – Quelle chanson n'êtes-vous pas très fier d'adorer ?
4 – Votre dernier fou-rire ? A quel propos ?
5 – Histoire ou géographie ?
6 – Si la réincarnation devait exister, quelle personne célèbre (ou non) aimeriez-vous avoir été ?
7 – Votre chiffre préféré. Que vous évoque-t-il ?
8 – On est entre nous, vous pouvez bien me le dire... croyez-vous aux extraterrestres ? Aux fantômes ? Au Yéti ? Justifiez-vous...
9 – Le dernier livre lu ?
10 – Quel métier vouliez-vous faire enfant ? Quel métier aimeriez-vous exercer à présent ?
11 – Quelle phrase aimeriez-vous taguer sur un mur ?

Réponses qui me viennent, sans trop réfléchir:
1. Que le chiffre 7 a une importance dans ma vie. Je ne développe pas, j'en ai déjà parlé.
2. J'hésite entre deux: Sous le plus grand chapiteau du monde, de Cecil B. Demille, avec ma grand-mère paternelle ou Le Tigre du Bengale, de Fritz Lang avec ma tante. Pour les deux un souvenir émerveillé, le premier pour les couleurs, le second pour l'ambiance mystérieuse.
3. Je ne sais pas. Beaucoup sans doute, que je me surprends à fredonner en marchant ou en conduisant. L'une me vient souvent au volant, mais je n'ai pas honte de l'aimer. Il s'agit de Over the Rainbow, extraite du Magicien d'Oz.
4. Devant un ami plus très réveillé qui me dit qu'il connaît les dessins de Cousteau (entendre Cocteau).
5. Histoire, sans hésitation. Une véritable passion pour moi. Mais j'aimais bien aussi ce que l'on appelait autrefois la "géographie humaine".
6. Aucun, vraiment. A titre anecdotique, Pierre m'appelait souvent Caton (l'Ancien) pour ma fréquente intransigeance lorsque j'étais plus jeune. Il en subsiste parfois quelques restes, malgré la patine du temps.
7. Devinez ! (voir réponse à la première question).
9. Le Père des orphelins, de Mario Soldati. J'ai parfois de la suite dans les idées.
8. Croire en la vie, n'est-ce pas croire aux fantômes ?
10.Enfant, je voulais être missionnaire (après avoir lu Les Clés du Royaume de Cronin), directeur d'orphelinat ou instituteur. Avec le métier que j'exerce, j'ai à peu près réussi l'amalgame des trois. A présent, j'aspire au doux "métier" de retraité !
11.Je n'ai jamais aimé les tags mais s'il le faut: Après moi, le déluge.

Onze nouvelles questions:
1. Tristesse de l'érotisme ou érotisme de la tristesse?
2. Aimez-vous recevoir des cartes postales? Et en écrire ?
3. Que pensez-vous de la célèbre devise de Delphes: "Connais-toi toi-même." ?
4. Le livre (un seul) à emporter sur une île déserte ? Pourquoi ?
5. Une première fois qui resta sans suite ?
6. Le plus beau vers de la littérature française, selon vous ? Pourquoi celui-ci ?
7. Le première chose que vous feriez si vous deveniez très riche ?
8. Théâtre ou cinéma ?
9. Êtes-vous sûr de ne pas être raciste ?
10.Le dernier rêve que vous ayez fait et dont vous vous souvenez ?
11.M'aimez-vous ? (!!!)

Ceux à qui je lance l'invitation: Cornus, Karagar, Didier M., Christine, Valérie, P.P le Moqueur et Charlus, les autres auxquels je pensais ayant déjà été sollicités par ailleurs ou étant peu susceptibles de jouer à ce petit questionnaire . Tiens, je viens de me rendre compte que cela fait 7, encore! Désolé de ne pas arriver jusqu'à 11.

mardi 21 février 2012

Un autre jeu avec les nombres (réponse)

Bravo à Cornus et à Piergil. La réponse était bien onze. Quant à Christine, comme le dit Piergil, elle a sans doute lu trop vite l'énoncé en ce qui concerne les rois de France !

Le Père des orphelins

La collection Folio a la bonne idée depuis quelques années de publier de petits livres à deux euros reprenant des textes édités avec d'autres dans des volumes plus importants. L'occasion de se faire plaisir sans prendre mal au poignet dans son lit ! Ainsi viens-je de lire très rapidement Le Père des orphelins de Mario Soldati, petit chef-d'œuvre de cynisme décortiquant les méandres de la bonne conscience et du mensonge. Une histoire de boutons de manchettes volés puis retrouvés là où l'on s'y attendait le moins.

Pour ceux qui ne l'aurait pas encore fait, ne pas oublier de lire ce qui est considéré comme le livre majeur de cet auteur italien: Les Lettres de Capri, publié en 1954.

( Mario Soldati, Le Père des orphelins, Gallimard. Trad. de Nathalie Bauer.)

lundi 20 février 2012

Métronome

Il ne pouvait s'enlever les chiffres de la tête. Ce n'était pas une obsession, c'était une nécessité. Peut-être sa façon à lui de vouloir remettre un peu d'ordre dans le monde qui l'entourait.

Cela avait commencé quand il était tout jeune, à l'école primaire. Comme tous les enfants, il s'amusait à suivre sur le sol des lignes imaginaires, ou bien le rebord d'un trottoir, en faisant très attention à ne pas dépasser d'un côté ou de l'autre. Mais cela ne lui suffisait pas, à lui: il comptait aussi mentalement le nombre de ses pas, se disant que, s'il atteignait tel but fixé à l'avance, un trou dans la chaussée, le plus haut poteau d'une barrière de prés à vaches, l'unique banc de bois sur son chemin d'écolier, sa grand-mère serait encore vivante à midi lorsqu'il rentrerait.

Ensuite, il compta les fenêtres des immeubles dans la rue, les voitures qui le dépassaient avant qu'il n'arrive au carrefour, le nombre de marches d'escalier qui séparait le rez-de-chaussée de son deuxième étage, les foulées nécessaires en courant pour dépasser l'orangerie du parc... Il essayait bien parfois de se débarrasser de cette manie mais elle lui revenait inconsciemment et le décompte souvent était commencé avant qu'il ne s'en rende compte.

Il divisa ensuite cette litanie de nombres en séquences égales: tant de fois six marches pour grimper jusqu'à son appartement, tant de répétitions de douze foulées pour prendre le bon souffle à la course.. Tout en devint fragmenté, mécanique, rassurant pour lui, comme si les nombres avaient un pouvoir magique. Il savait bien que c'était faux, qu'il ne pourrait jamais confier son secret à personne sans risquer de passer pour un imbécile, mais rien n'y faisait. Il se surprit même à constater que, chaque fois qu'il regardait l'heure, il était 11h11, 9h09 ou 22h22.

Certains chiffres revenaient régulièrement dans sa vie, depuis toujours. Le 7 surtout, ce qui ne lui déplaisait pas. Il était né un 7 du mois, à 7h du soir, un dimanche. Ses parents habitaient au 7 de la rue, son père était mort alors qu'il avait 7 mois (et celui de sa mère lorsqu'elle eut 7 ans). Si l'on ajoutait les deux derniers chiffres de sa date de naissance, on obtenait encore 7. Sa ville de naissance avait 7 collines, comme Rome qu'il aimait tant.

Alors, il n'essaya plus de lutter et prit le parti d'en sourire. La seule chose qu'il ne pouvait pas compter, c'était le nombre de battements de cœur qui lui restait avant de lâcher son dernier soupir.

Un autre jeu avec les nombres.

A quel nombre correspondent les affirmations suivantes?
- Au Moyen-Age, ce nombre de marches exhaussait les trois portails de Notre-Dame de Paris.
- En France, seuls les rois prénommés Louis ont atteint (et dépassé) ce nombre.
- En 1429, Jeanne d'Arc mit ce nombre de jours pour se rendre de Vaucouleurs à Chinon.
- Orville Wright, à bord du Flyer, parvint à voler pendant ce nombre de secondes le 17 décembre 1903.
- C'est aussi le nombre de grottes où furent découverts les Manuscrits de la Mer Morte.

Déménagement

Encore un rêve étrange cette nuit. Je venais de déménager pour habiter tout près de chez un ami. L'appartement me plaisait beaucoup et, dès que je le vis, je voulus le montrer à cet ami et sortis pour le rejoindre sans fermer la porte à clé puisque la course ne prenait que quelques minutes. Au retour, je fus incapable de retrouver mon nouveau chez moi. J'errai de couloirs en étages, d'un immeuble à l'autre, dans un dédale de vieux immeubles, les uns communiquant avec les autres, avec la peur que quelqu'un n'entre pendant mon absence. Rien de glauque pourtant dans la lumière: tout était ensoleillé comme dans mes errances dans la ville silencieuse d'Arles dans un rêve récent.

Ce rêve ne m'a pas réveillé, comme le précédant, mais je me suis levé avec le dos complètement bloqué. Mal partout comme si l'on m'avait rossé. Je ne comprends pas cette impression constante depuis quelque temps de me perdre dans des labyrinthes, d'être sans cesse à la recherche de quelque chose qui disparaît. Et surtout, il y avait bien longtemps que je m'étais déshabitué aux cauchemars. Saloperie d'inconscient!

dimanche 19 février 2012

Et un peu de musique, ça vous dirait (79): années 60

The Marvelettes, Please Mr. Postman. 1961.

Momentini

- Hier soir, le premier lapin à la polenta préparé par mes soins. Frédéric m'avait fait prendre des têtes surnuméraires. Il a eu raison: on adore ça tous les deux.

- La première chanson dont je me souvienne, c'est Le Loup, la biche et le chevalier, que Salvador chantait en 55. Mais sans image derrière. Pour Les Enfants du Pyrée (1960), je revois encore les deux pièces de ma grand-mère, une cuisine dont il fallait rallumer le feu chaque matin et une chambre si froide que le lait y gelait dans son cruchon au bord de la fenêtre. 1960, c'est aussi l'année de sa mort.

- Nous jouons souvent avec ma mère: au mot le plus long pour lui faire bouger le cerveau, aux triaminos, dont elle nous distribue les pièces, pour lui faire bouger les mains. Nous la faisons aussi parler de ses souvenirs, mais là, c'est plus compliqué.

- Un des meilleurs moments de la lecture, c'est quand, à la fin d'un roman, on hésite encore devant une pile pour savoir lequel on va maintenant choisir.

- Prévisions à plus ou moins long terme: un jour ou deux en Bourgogne pour la nature et les églises, un week-end à Megève pour retrouver des amis, un voyage à Rome avec périple en Ombrie et Toscane, parce que je ne peux jamais m'en passer longtemps.

- Gros fou-rire l'autre soir où les titres du 20 heures de la Une ont été inversés. Ferrari parlait de Sarkozy et Fillon sur des images des deux pandas nouvellement arrivés en France, et inversement. Ça a un nom, un lapsus de l'image ?

Des Amis haut placés

A la télévision, sur je ne sais quelle chaîne, passe ou passait une série policière dont le cadre était Venise: L'Inspecteur Brunetti. J'avais été tenté d'y jeter un œil et puis, je n'ai pas eu le courage, malgré mon amour pour l'Italie, de me lancer dans l'aventure. Je ne suis plus très amateur de séries, même policières.

L'autre soir, en fouillant dans ma bibliothèque, j'ai été surpris de retrouver dans le livre que j'avais choisi et qui y traînait depuis des années, ce même Inspecteur Brunetti. Pourquoi pas. Le nom de l'auteur, Donna Leon, me disait vaguement quelque chose.

Autant le dire tout de suite, je me suis souvent ennuyé à tenter d'avancer dans ce roman. Je ne sais pas pourquoi, je n'ai jamais vraiment été accroché par ce que je lisais. L'intrigue se tient, le personnage est assez sympathique mais l'ensemble manque de souffle et se traîne même parfois. Ma sœur, à qui je confiais mon impression, m'a dit avoir éprouvé la même pour un autre roman de cette américaine vivant maintenant à Venise. Alors, pas de regret: la page Brunetti, et Leon aussi, est définitivement tournée.
(Donna Leon, Des Amis haut placés, Calmann-Lévy.)

samedi 18 février 2012

Et rose...







...elle a vécu...

Pages marquantes (31)

Le propriétaire de la Ferme du Manoir, Mr. Jones, avait poussé le verrou des poulaillers, mais il était bien trop saoul pour s'être rappelé de rabattre les trappes. S'éclairant de gauche et de droite avec sa lanterne, c'est en titubant qu'il traversa la cour. Il entreprit de se déchausser, donnant du pied contre la porte de la cuisine, tira au tonneau un dernier verre de bière et se hissa dans le lit où était Mrs Jones déjà en train de ronfler.
Dès que fut éteinte la lumière de la chambre, ce fut à travers les bâtiments de la ferme un bruissement d'ailes et bientôt tout un remue-ménage. Dans la journée, la rumeur s'était répandue que Sage l'Ancien avait été visité, au cours de la nuit précédente, par un rêve étrange dont il désirait entretenir les autres animaux. Sage l'Ancien était un cochon qui, en son jeune temps, avait été proclamé lauréat de sa catégorie - il avait concouru sous le nom de Beauté de Willingdon, mais pour tout le monde il était Sage l'Ancien. Il avait été convenu que tous les animaux se retrouveraient dans la grange dès que Mr. Jones se serait éclipsé. Et Sage l'Ancien était si profondément vénéré que chacun était prêt à prendre sur son sommeil pour savoir ce qu'il avait à dire.
Lui-même avait déjà pris place à l'une des extrémités de la grange, sur une sorte d'estrade (cette estrade était son lit de paille éclairé par une lanterne suspendue à une poutre). Il avait douze ans, et avec l'âge avait pris de l'embonpoint, mais il en imposait encore, et on lui trouvait un air raisonnable, bienveillant même, malgré ses canines intactes.
(...)
Tous les animaux étaient maintenant au rendez-vous - sauf Moïse, un corbeau apprivoisé qui sommeillait sur un perchoir, près de la porte de derrière - et les voyant à l'aise et bien attentifs, Sage l'Ancien se racla la gorge puis commença en ces termes :
« Camarades, vous avez déjà entendu parler du rêve étrange qui m'est venu la nuit dernière. Mais j'y reviendrai tout à l'heure J'ai d'abord quelque chose d'autre à vous dire. Je ne compte pas, camarades, passer encore de longs mois parmi vous Mais avant de mourir je voudrais m'acquitter d'un devoir, car je désire vous faire profiter de la sagesse qu'il m'a été donné d'acquérir. Au cours de ma longue existence, j'ai eu, dans le calme de la porcherie, tout loisir de méditer. Je crois être en mesure de l'affirmer : j'ai, sur la nature de la vie en ce monde, autant de lumières que tout autre animal. C'est de quoi je désire vous parler.
Quelle est donc, camarades, la nature de notre existence? Regardons les choses en face nous avons une vie de labeur, une vie de misère, une vie trop brève. Une fois au monde, il nous est tout juste donné de quoi survivre, et ceux d'entre nous qui ont la force voulue sont astreints au travail jusqu'à ce qu'ils rendent l'âme. Et dans l'instant que nous cessons d'être utiles, voici qu'on nous égorge avec une cruauté inqualifiable. Passée notre première année sur cette terre, il n'y a pas un seul animal qui entrevoie ce que signifient des mots comme loisir ou bonheur. Et quand le malheur l'accable, ou la servitude, pas un animal qui soit libre. Telle est la simple vérité.
Et doit-il en être tout uniment ainsi par un décret de la nature? Notre pays est-il donc si pauvre qu'il ne puisse procurer à ceux qui l'habitent une vie digne et décente? Non, camarades, mille fois non ! Fertile est le sol de l'Angleterre et propice son climat. Il est possible de nourrir dans l'abondance un nombre d'animaux bien plus considérable que ceux qui vivent ici. Cette ferme à elle seule pourra pourvoir aux besoins d'une douzaine de chevaux, d'une vingtaine de vaches, de centaine de moutons - tous vivant dans l'aisance une vie honorable. Le hic, c'est que nous avons I plus grand mal à imaginer chose pareille. Mai puisque telle est la triste réalité, pourquoi en sommes-nous toujours à végéter dans un état pitoyable? Parce que tout le produit de notre travail, ou presque, est volé par les humain; Camarades, là se trouve la réponse à nos problèmes. Tout tient en un mot : l'Homme Car l'Homme est notre seul véritable ennemi Qu'on le supprime, et voici extirpée la racine du mal. Plus à trimer sans relâche ! Plus de meurt-la-faim !

George Orwell, La Ferme des animaux.

Du sang sur la neige

Un autre souvenir d'hiver: le jour où l'on tuait le cochon. Je devrais dire les jours car mon père qui avait suivi un apprentissage de boucher sans donner suite officiait dans tout le village et les alentours. Curieusement, alors que je ne supportais pas de voir égorger les autres bêtes, en particulier agneaux et cabris, je n'ai jamais rien ressenti devant l'agonie d'un goret, peut-être parce que j'aimais trop le saucisson et autres produits dérivés.

Il fallait d'abord installer le banc sur lequel le sacrifice allait avoir lieu, une sorte de brancard à claire-voie dont les planches de bois étaient ensuite soigneusement lessivées et poncées. La bête était amenée bon gré mal gré jusque là puis solidement attachée par les pattes. Mon père l'égorgeait alors: je me souviens des cris suraigus du cochon et des gouttes de sang qui rougissaient la neige. J'oubliais la sauvagerie du geste en contemplant ces fleurs écarlates qui seraient bientôt piétinées par ceux qui s'activaient autour du brancard.

Ensuite, si je me souviens bien, il fallait laver la peau à l'eau bouillante, et le cochon se mettait à fumer dans l'air froid de l'hiver, puis la frotter avec une brosse à poils durs et la bucler, c'est à dire éliminer les dernières soies à l'aide d'une flamme. Là, c'est l'odeur qui me reste, une odeur de roussi que je n'aimais guère.

Une fois le cochon découpé commençait la préparation de la viande. Je ne participais qu'à la fabrication des saucisses et des saucissons. J'allais au village, chez le boucher, acheter des écheveaux de boyaux tout gluants de la saumure dans laquelle ils avaient été conservés et les nettoyais eux aussi à grande eau. Puis, dans le premier grenier de la maison, qui servait de saloir, nous mettions en route l'embosseuse mécanique dont je tournais la manivelle. J'aimais bien voir le boyau se remplir peu à peu de viande hachée ou de couenne et parfois se tortiller comme un ver pour échapper à la poigne de mon père. Les saucissons restaient à sécher plusieurs mois dans ce grenier qui en a toujours gardé l'odeur particulière.

Les jours qui suivaient l'exécution, je passais chez les voisins leur apporter une fricaude: une grande assiette remplie de foie, de rognons, de boudin, d'un peu de graisse et de crépine. C'était une coutume particulière à la Loire (et sans doute à la Haute-Loire) et quiconque tuait un cochon ne manquait pas de sacrifier à cette tradition sans doute fort ancienne.

Aujourd'hui, j'imagine que tout cela a disparu et que la chose ne se pratique plus (officiellement) que dans les abattoirs, exigences vétérinaires obligent. J'imagine aussi qu'elle a perdu toute cette poésie dont, encore aujourd'hui, elle reste pour moi entourée.

vendredi 17 février 2012

Disparitions

Un rêve pénible cette nuit, qui m'a réveillé vers 4h30 avec une sensation de froid.

J'étais dans un commerce pour acheter une bricole que le rêve ne précise pas. Au moment de payer, je fouillai dans ma poche à la recherche de monnaie et, par maladresse, en échappai le contenu sur le sol: des centaines de je ne sais quoi, plus petits que des billes, que je me penchai pour ramasser, alors que derrière moi, d'autres clients attendaient. Lorsque j'eus posé mon argent sur la banque, les "babioles" retombèrent. A nouveau, il fallut les ramasser une à une. Quand je me relevai, la foule des clients avait encore augmenté et ma monnaie avait disparu. Je finis, comment?, par la retrouver mais il manquait une pièce. Dans mon dos, la rumeur de mécontentement commençait à enfler. Je sortis de ma poche une autre pièce pour régler, mais cette fois-ci, c'est mon achat qui s'était volatilisé. J'étais aussi tétanisé qu'un enfant pris en faute. Les remarques désobligeantes se mirent à pleuvoir sur moi. C'est à ce moment-là que je me suis réveillé.

Impossible bien sûr de me rendormir. Alors, je me suis allé dans la cuisine manger une pomme et du chocolat. J'ai fini par me rendormir en lisant. Ce matin, j'étais hors d'usage... Serait-ce d'avoir entendu parler de la fin du franc qui m'a mis dans cet état?

Jacques Duby (1922-2012)

Il apparaît à la 5° minute, environ, et parle à la 9°.
Un feuilleton, L'Abonné de la ligne U (1964), qui m'avait beaucoup impressionné quand j'étais enfant. (Avec aussi Jacques Dacqmine, Maria Mauban, Bernard Lajarrige, Marie Déa, Louis Velle, Pierre Dac, Patrick Dewaere et Dominique Zardi.)

Dix moi que c'est le dernier! (réponses)

1. La mort du premier né. Les 10 plaies d'Égypte.
2. Le 110 m. haies. Les 10 épreuves du décathlon.
3. Le Danemark. L'Europe des 10 en 1981.
4. Wargrave. Les personnages des Dix petits Nègres (Agatha Christie).
5. Hermès chtonien. Les 10 enfants de la déesse Aphrodite.
6. Le Minotaure. Les 10 signes du Nékros, le zodiaque des défauts de la Grèce antique.
7. Tranströmer. Les 10 derniers prix Nobel de littérature.
8. Meilleur scénario original. Les 10 nominations aux Oscars 2012 pour The Artist.
9. Le vanadium. Les 10 métaux pris en compte pour la pollution des mousses (2010).
10.Neiphile. Les 10 jeunes gens du Décameron de Boccace.

jeudi 16 février 2012

Service public ?

J'avais encore dans l'idée que la poste était un service public. Eh bien, pas tant que ça! Avez-vous déjà essayé de joindre la vôtre par téléphone? Des appels payants, et pas qu'un peu, pour tomber sur un central, situé je ne sais où, qui, finalement, vous donne un autre numéro à appeler, numéro qui ne répond jamais!

Voulant avoir le cœur net sur l'appel bizarre de l'autre jour, je me suis finalement décidé à aller pedibus à la mienne, qui n'est pas toute proche de chez moi. Comment d'ailleurs se débrouillent les personnes âgées lorsqu'il leur faut faire de même ? J'y fus assez bien reçu, et sans trop d'attente, mais le mystère ne fut pas éclairci. On me promit avec un grand sourire de me tenir au courant le plus rapidement possible et l'on déposa le papier sur lequel j'avais inscrit mes nom, numéro de portable et adresse dans un coin.

Qu'à cela ne tienne, je continue ma virée jusqu'au centre où pourrait se trouver mon éventuel colis. Ce centre n'étant pas accessible aux particuliers, je demande au bureau de poste du rez-de-chaussée de bien vouloir les joindre et me faire rencontrer quelqu'un: " On ne peut pas les joindre!" (C'est faux, je l'ai fait il y a quelques années) et "la personne qui s'occupe des réclamations ne travaille pas cet après-midi." J'avoue m'être un peu énervé sur ce coup-là.

Bref, rentré bredouille, le Calyste ! Mais il n'a pas perdu son temps: il a pu admirer deux bureaux de poste entièrement neufs, " reconceptualisés" où l'on réserve un guichet pour le courrier, les envois, les recommandés, les colis (lorsque je suis parti, il y avait plus de dix personnes derrière moi), un pour les "pros" (éternellement vide) et deux pour la banque postale. Allez, ne dites plus "postiers", dites "financiers"!

Reste plus qu'à attendre, si l'on n'a pas égaré mes coordonnées!

Le Tube de toilette (paroles)

Pour faire un tube de toilette
En chantant sur cet air bête
Avec des jeux de mots laids
Il faut pondre des couplets
Permets que je te réponde
C'est sûr, faut que tu les pondes
Bon, mais que dois-je pondre ?
Que ponds-je. Que ponds-je.
Pot podet pot pot
Le dernier mot qui t'a servi était :"Ponds-je"
Serviette éponge ! parfait ! ...
Allez vas-y, je vais t'aider
J'apprécie quand de toi l'aide
Gant de toilette
Me soutient cela va beau-
Ce lavabo
coup plus vite c'est bien la vé-
C'est bien lavé
rité, ça nous le savons
A nous l'savon
DE TOILETTE
Sur ce piano les touches t'y aident
Les douches tièdes
Ton air est bon, mais mon chant point
Mets mon shampooing
Il s'ra peut-êt' pas sal' demain
Salle de bains
Il m'aura en tout cas miné
Ou cabinet
DE TOILETTE
Eau chaude eau froide eau mitigée
Cette salade, on verra dans
Un verre à dents
Un instant si c'est le bide, et
C'est le bidet
Est-ce à répéter ou à taire
T'es au water
J'aimerais mieux que d'aut' la vendent
Eau de lavande, eau
DE TOILETTE
Eau chaude eau froide eau mitigée
Ma face de carême harassée
Crème à raser
Pour sûr aura ce soir les tics
Rasoir électrique
Ils font rire les gosses mes tics
Les cométiques
Sur ma gueule d'empeigne à moustache

Peigne à moustache
Cosmétiques
Crème à raser
Rasoir électrique
Serviette éponge
Chanson de toilette
Très poétique
Toc

Et un peu de musique, ça vous dirait ? (78)

Boby Lapointe, Le Tube de toilette.

Heureux qui, comme Félix ...

Aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres. Nous fêtons un anniversaire. Le 113° exactement. De qui ? de quoi ? Allons, un peu de mémoire. Il était président de la République et, le soir du 16 février 1899, il ne l'était plus. Il n'eut même pas l'occasion de postuler à sa propre succession. Pourtant il est encore dans l'esprit de nombreux français, à cause de sa mort justement. Une mort peu anodine.

Le 16 février 1899, Monsieur Félix Faure recevait à l'Élysée sa maîtresse attitrée, une jeunesse de 26 ans au prénom fleuri de Marguerite, Marguerite Steinheil exactement. Dans les ébats qui s'ensuivirent, la belle entreprit vaillamment de pratiquer une fellation sur le quinquagénaire avancé. Cette pipe lui fit casser la sienne. La belle, épouvantée, s'enfuit aussitôt, encore dépoitraillée.

On connaît la suite. Au prêtre, appelé pour administrer au président les derniers sacrements, qui demandait si "Monsieur avait toujours sa connaissance", il fut répondu fort ingénument (?): "Non, elle vient de sortir par l'escalier de service." Vrai ou faux, la formule a fait fortune. Un peu moins connus sans doute, l'article du Journal du peuple qui supposait que Félix avait "trop sacrifié à Vénus" et le surnom que cette mort valut à Marguerite Steinheil: "la Pompe funèbre"!

Marguerite, après le décès de son mari dans des circonstances non élucidées, épousa un noble anglais et finit sa vie, à 85 ans, dans le Sussex. Elle ne pouvait trouver meilleur comté pour ce faire...

Quel homme peut rêver de quitter ce monde dans de plus agréables conditions?

mercredi 15 février 2012

Pages marquantes (30)

Pendant un demi-siècle, les bourgeoises de Pont-l'Evêque envièrent à Madame Aubain sa servante Félicité.
Pour cent francs par an, elle faisait la cuisine et le ménage, cousait, lavait, repassait, savait brider un cheval, engraisser les volailles, battre le beurre, et resta fidèle à sa maîtresse qui n'était pas cependant une personne agréable.
(...)
Elle se levait dès l'aube pour ne pas manquer la messe, et travaillait jusqu'au soir sans interruption ; puis le dîner étant fini, la vaisselle en ordre et la porte bien close, elle enfouissait la bûche sous les cendres et s'endormait devant l'âtre, son rosaire à la main. Personne dans les marchandages, ne montrait plus d'entêtement. Quant à la propreté, le poli de ses casseroles faisait le désespoir des autres servantes. Économe, elle mangeait avec lenteur, et recueillait du doigt sur la table les miettes de son pain, un pain de douze livres, cuit exprès pour elle, et qui durait vingt jours.
En toute saison elle portait un mouchoir d'indienne fixé dans le dos par une épingle, un bonnet lui cachant les cheveux, des bas gris, un jupon rouge - et par-dessus sa camisole un tablier à bavette, comme les infirmières d'hôpital.
Son visage était maigre et sa voix aiguë. A vingt-cinq ans, on lui en donnait quarante ; dès la cinquantaine, elle ne marqua plus aucun âge ; - et, toujours silencieuse, la taille droite et les gestes mesurés, semblait une femme en bois, fonctionnant d'une manière automatique.
Gustave Flaubert, Un Cœur simple.

Un cœur simple

Ce matin, Maria est venue. Trente-cinq ans ou plus que je la connais. Au début, ça n'a pas été facile entre nous: deux orgueils qui s'opposaient, le gaulois et l'espagnol. Aujourd'hui, elle m'est très proche, sans que jamais nous ne nous soyons fait beaucoup de confidences. Matériellement, elle est là, toujours. Et je sais qu'une de ces prochaines années, elle n'y sera plus.

Ce matin, elle avait mis un bonnet de laine noir. C'est la première fois en tant d'années que je la vois chapeautée. Elle vieillit, Maria. Sa coiffure lui avait aplati les cheveux et avait fait apparaître, au sommet du crâne de larges racines blanches et un morceau de cuir plus blême encore. Elle porte les habits qu'on lui donne, à droite à gauche, préférant investir ce qu'elle gagne dans le bien-être de ses enfants.

Elle rit, nous rions souvent, de rien, de bêtises. Parfois, le ton se fait plus grave lorsqu'elle me parle de son mari, de sa famille en Espagne, de son arrivée en France, petite jeune fille perdue dans les gares dont elle ne savait pas lire les panneaux. Maria ne sait toujours pas lire. Je lui ai souvent proposé de lui apprendre, elle a toujours refusé, s'estimant trop bête pour ça. Elle compense, avec une intelligence remarquable.

Elle me fait penser à l'héroïne de cette nouvelle de Flaubert, Un Cœur simple, Félicité. Un prénom qui lui irait bien, tant elle regarde la vie toujours avec un œil amusé et joyeux. Elle m'agace parfois, je l'agace aussi et nous nous le disons avant d'éclater de rire.

Un être rare, Maria.

Dix moi que c'est le dernier !

Et oui, ce sera le dernier. Alors appliquez-vous, d'autant que certains me semblent vraiment faciles!
1°) Le fleuve de sang, les grenouilles, les moustiques, les taons, les troupeaux morts, les ulcères, la grêle, les sauterelles, les ténèbres et ....
2°) 100 m., saut en longueur, lancer du poids, saut en hauteur, 400 m., lancer du disque, saut à la perche, lancer du javelot, 1500m. et ....
3°) RFA, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Irlande, Royaume-Uni, Grèce et ....
4°) Armstrong, Brent, Blore, Claythorne, Lombard, Macarthur, Marston, Rogers, Rogers et ....
5°) Harmonie, Déimos, Phobos, Eros, Hermaphrodite, Priape, Hyménaïos, Rhodos, Antéros et ....
6°) Le Centaure, la Harpie, Pegasus, Cerbère, le Satyre, la Sirène, le Griffon, La Chimère, le Sphinx et ....
7°)Kertesz, Coetzee, Elfriede, Pinter, Pamuk, Lessing, Le Clézio, Müller, Vargas Llosa et ....
8°) Meilleur film, meilleur acteur, meilleur réalisateur, meilleure actrice dans un second rôle, meilleurs décors, meilleurs costumes, meilleur montage, meilleure musique, meilleure photographie et ....
9°) Arsenic, cadmium, californium, cuivre, fer, mercure, nickel, plomb, zinc et ....
10°)Pamphile, Philostrate, Dionée, Pampinée, Flammette, Philomène, Emilie, Laurette, Elissa et ....

mardi 14 février 2012

Des souvenirs de neige en vrac (les souvenirs, pas la neige).

- La luge, avec mon frère, quand nous jouions à toucher la ferraille en essayant de ne pas y laisser le doigt collé.
- Le silence, chaque fois, au matin, émerveillé.
- Ciccio, mon chien qui attrapait les flocons dans sa gueule, croyant que c'étaient des insectes.
- Ciccio encore qui sauta de la voiture et partit gambader dans un champ où il s'enfonça jusqu'au cou. La tête !
- Le parvis de Notre-Dame, à Paris, sans une seule trace de pas, un soir tard que je sortais d'un cinéma. Le film, c'était Arsenic et vieilles dentelles.
- L'hiver 2010 et toutes les photos que j'ai prises alors, parce que je préférais marcher, sans voiture, sans bus, sans métro.
- Le gros édredon joufflu de la chambre glaciale, à Montriond.
- Le lac gelé à la Tête d'or, où les canards se retrouvaient sans cesse le cul par terre.
- Le sommet du Vésuve, une fois, une seule fois. mais j'ai eu cette fois-là.
- Le retour en voiture avec Maurice depuis Briançon. Pierre était au Bois de l'Ours, dans un sanatorium. Nous avions parlé de Teilhard de Chardin.
- Un rêve où la neige était noire, mais un noir lumineux.
- La cour intérieure remplie, près de Saint-Étienne. Nous n'avions pu ouvrir ni la porte ni les volets.
- Les Noëls à Bons, où je persistais à pisser face à la Grande Ourse, traçant dans la blancheur un dessin jaune et fumant.
- Une visite au musée gallo-romain où elle nous avait surpris. Je ne l'avais pas secouée de mon manteau sur le chemin du retour.
- La première petite étoile sur mon vêtement noir, la semaine dernière.

Et combien d'autres encore, tous heureux.

Sophie Desmarets

Mais qu'ont-ils donc à tous partir, ces temps-ci?

(Combien en reste-t-il, aujourd'hui, de cette brochette de grands enfants rieurs ?)

Neige






Et la joie de l'enfance en ouvrant les volets.



(Cliquer sur la photo pour l'agrandir.)

lundi 13 février 2012

Et un peu de musique, ça vous dirait? (77)

Colette Renard, Les Nuits d'une demoiselle.

Pour tous ceux qui manquent de synonymes... ou d'idées.

Les paroles d'abord

Afin de savourer pleinement le billet qui va suivre.

Que c'est bon d'être demoiselle
Car le soir dans mon petit lit
Quand l'étoile Vénus étincelle
Quand doucement tombe la nuit

Je me fais sucer la friandise
Je me fais caresser le gardon
Je me fais empeser la chemise
Je me fais picorer le bonbon

Je me fais frotter la péninsule
Je me fais béliner le joyau
Je me fais remplir le vestibule
Je me fais ramoner l'abricot

Je me fais farcir la mottelette
Je me fais couvrir le rigondonne
Je me fais gonfler la mouflette
Je me fais donner le picotin

Je me fais laminer l'écrevisse
Je me fais foyer le cœur fendu
Je me fais tailler la pelisse
Je me fais planter le mont velu

Je me fais briquer le casse-noisettes
Je me fais mamourer le bibelot
Je me fais sabrer la sucette
Je me fais reluire le berlingot

Je me fais gauler la mignardise
Je me fais rafraîchir le tison
Je me fais grossir la cerise
Je me fais nourrir le hérisson

Je me fais chevaucher la chosette
je me fais chatouiller le bijou
Je me fais bricoler la cliquette
Je me fais gâter le matou

Et vous me demanderez peut-être
Ce que je fais le jour durant
Oh! cela tient en peu de lettres
Le jour , je baise, tout simplement

Paroles: Colette Renard. Musique: G.Breton & Raymond Legrand 1963
© Disque Vogue

Touché et troublé

Petrus, du Coq du Causse, a longuement parlé de mon blog dans un de ses billets. Ces mots m'ont à la fois beaucoup fait plaisir et beaucoup troublé. J'espère qu'il ne m'en voudra pas de le citer ici.

Aujourd'hui, je suis au milieu du guet ou je me fais aussi une raison, je ne sais pas. En tout cas, depuis que je lis son blog, j'y vois plus clair, Potomac a une vie, certes différente de la mienne sur pas mal de choses, mais où je me retrouve sous l'aspect de l'expérience qu'il en tire et du déroulement de son existence actuelle. J'ai l'impression, en le lisant, qu'il me devance et que je ME lis dans le futur; c'est parfois pour moi assez étrange l'effet que me font certains de ses billets. Malgré le fait qu'ils racontent un homme abordant une vie qui va bientôt changer avec la retraite, il y a une joie de vivre qui me rassure.

Fait plaisir parce que c'est un homme que j'apprécie, même si je ne l'ai rencontré qu'une fois, quelqu'un de droit et de vrai dans ce qu'il écrit, même si je ne partage pas toutes ses idées, et dans ce qu'il confie de ses ressentis.

Mais beaucoup troublé aussi, pour plusieurs raisons. D'abord parce que, bien que conscient des années qui passent, je ne me rends pas compte tout à fait de la réalité de mon âge, de ce que, peu à peu, je suis devenu. Dans ma tête, j'ai parfois encore quinze ans, mais un garçon de quinze ans qui sait ce qu'il est en train de vivre et qui ne le laisse pas passer aussi facilement, qui ne le jette plus de façon aussi désinvolte aux orties. Ensuite parce qu'à aucun moment, je ne me demande quel effet peut produire ce que j'écris. J'écris parce que j'en ai besoin, depuis toujours et plus, sans doute, depuis quelques années. Et que ces mots parfois paresseusement groupés en phrases puissent avoir une importance pour d'autres me surprendra toujours. Enfin, et là se mêle beaucoup de plaisir, par ce qu'il dit de la joie de vivre qui se dégage de ce que j'écris. Je vais paraître idiot mais j'ai toujours l'impression, de par mon vécu familial et affectif, de faire du "supplément", de mordre à un gâteau dont d'autres sont privés depuis longtemps. Et ce gâteau, je ne me sens pas le droit d'en laisser une part sur le bord de l'assiette, je m'applique à le manger jusqu'à la dernière miette, en tentant d'en savourer toutes les nuances, tous les parfums et tous les plaisirs. Pas égoïstement, pas goulûment, en essayant d'en partager les meilleures bouchées. A aucun moment, je ne veux faire d'angélisme. Parfois je suis triste, parfois je souffre. Comme tout le monde. Mais je suis et j'essaie de rester vivant. Par respect pour ceux qui ne sont plus.

Alors merci à toi, Petrus, de m'avoir "forcé" à écrire ce billet. Sans tes mots, je n'aurais pas écrit les miens ce soir.

dimanche 12 février 2012

La seule fois où j'eus affaire à un ministre africain.

Début des années soixante-dix. J'avais un peu plus de vingt ans. Je venais de rencontrer Pierre. Lui travaillait et habitait en Saône-et-Loire. Par son intermédiaire, on m'avait accepté dans une communauté de gens tous plus ou moins en rupture avec leur institution: l'Église. Il avait bien compris que je dépérissais dans ma cité universitaire.

Le "chef" de cette communauté était un prêtre sans paroisse qui travaillait dans l'éducation pour les adultes et possédait un réseau de connaissances assez étendu et haut placé. Un matin, Maurice me prévient qu'il devait dans la journée recevoir un coup de fil important d'un ministre de je ne sais plus quel pays africain. Comme il devait s'absenter, il me demanda de bien vouloir répondre moi-même qu'il serait de retour en début de soirée (les portables n'existaient pas à cette époque!).

Parmi les gens de cette communauté, il en était un particulièrement farceur, Dominique, qui m'avait déjà plusieurs fois attrapé au téléphone et qui était au courant de ce rendez-vous. Aussi, lorsque j'entendis, dans l'après-midi, une voix outrageusement typée, caricaturale, me demander si Monsieur X. (Maurice) était là, je ne doutai pas un instant que ce soit encore une blague de Dominique. Sans me démonter, je lui répondis avec le même accent stéréotypé que "Monsieur X m'avait prévenu de son appel" et lui demandai de rappeler en fin d'après-midi.

Quelques instants plus tard, Dominique rentra à l'appartement et moi, tout fier, je me gaussai: "Cette fois, tu ne m'as pas eu!". Mais je compris vite, à sa tête effarée, que l'erreur était totale: c'était bien le ministre africain que j'avais eu au téléphone! Si "être dans ses petits souliers" a un sens, je vous prie de croire que je l'illustrais parfaitement le soir où ce monsieur vint dîner avec nous. Heureusement lui aussi avait cru avoir avoir affaire à un compatriote mais demanda à ce qu'on le lui présente. Il lui fut répondu qu'il était de sortie ce soir-là. Dominique se pinçait pour ne pas rire et moi.... je vous laisse imaginer.

( Merci à Cornus et Karagar de m'avoir, involontairement, rappelé ce souvenir.)

Et un peu de musique, ça vous dirait ? (76)

Whitney Houston, I will always love you.

Hommage un peu conventionnel, mais cette chanson m'a toujours pris aux tripes.

samedi 11 février 2012

Momentini

-Entendu ces jours-ci:

. - Athéna au pair était une grande déesse grecque.

. - "Avec un nom pareil, il doit être juif." - "Je ne sais pas, je ne l'ai jamais vu."

En revanche, pas une seule, hier soir, de l'ami qui en est coutumier! Fatigue ?

- Des jonquilles à Casino. Et pas cher!

- Premier jour de vacances. Vous savez quoi? J'aime de plus en plus ne rien faire.

- Commencé à faire le tri (et le vide) sur mon ordinateur. Un travail de titan!

- Quand on m'a vu arriver avec mon chapeau au collège, j'ai eu droit à: Jean Moulin, José Bové, Aristide Bruant, Al Capone, Mitterrand, un berger des Landes. J'ai le droit de trier ?

Quoi de neuf? (Réponses)

Puisque Piergil joue les abonnés (presque) absents, il faut bien que ce soit moi qui vous donne les réponses, d'ailleurs trouvées en grande partie par La Plume:
1. Godefroy de Bouillon. Les 9 preux, idéal de la chevalerie dans l'Europe du XIV°siècle, selon Jacques de Longuyon.
2. Terpsichore. Les 9 muses.
3. Muspellheim. Les 9 mondes de la mythologie nordique.
4. Jiao Tu. Les 9 dragons chinois.
5. Nephthys. L'Ennéade, les 9 divinités égyptiennes représentant toutes les forces de l'univers.
6. Thrùd. Les 9 Walkyries de la mythologie nordique.
7. Amédée. Les neuf moines de Tibhirine en 1996. Sept d'entre eux seront massacrés.
8. Complies. Les 9 heures canoniales consacrées à la prière chez les moines. Matines et Vigiles sont 2 noms différents de la prière de la nuit.
9. Les traîtres. Habitants des 9 cercles de l'Enfer de Dante.
10.La vessie. Les 9 organes habités par des divinités chez les Taoïstes.

Voili voilà!

Blagues douteuses

Hier, le téléphone sonne. Une voix jeune, très décontractée.
- Bonjour Monsieur, ici la poste. Nous avons reçu un colis à votre nom.
- Oui.
- Il faudrait que vous veniez le chercher.
- Mais je n'ai pas été prévenu de cette arrivée.
- Non, Monsieur: le colis n'entrait pas dans votre boîte.
- Oui, bien sûr, mais je parle de l'avis-papier du facteur.
- Non, il n'y en a pas.
Je commence à douter sérieusement de l'identité de mon interlocuteur, d'autant que la voix ne me semble pas tout à fait inconnue.
- C'est une blague ?
- Non, Monsieur! D'ailleurs vous le prenez d'un peu haut.
Il ne doit pas savoir ce que c'est quand je le prends d'un peu haut, moi qui, jusque-là était resté très poli.
- Alors voilà: soit vous venez le chercher, soit on vous l'envoie.
- On me l'envoie? Mais il me semble que cela a déjà été fait, et la boîte ne s'est pas agrandie depuis! A quel poste dois-je le récupérer?
- A la poste de Lyon.
- Vous devez certainement savoir, puisque vous y travaillez, qu'il y en a un certain nombre dans la ville!
- La poste de Lyon 3.
C'est effectivement mon arrondissement.
- Et vous pouvez m'en donner l'adresse? (Adresse que je connais parfaitement)
- Ah non, Monsieur, je n'ai pas le droit de vous le dire.
Là, j'ai raccroché.

Aujourd'hui, le téléphone sonne.
- Allo, Calyste ?
- Oui.
- C'est Bruno.
-....
- Tu ne te souviens pas de moi?
- Euh, non. Tu peux me rafraîchir la mémoire?
- Nous étions au collège ensemble.
Cette voix...me rappelle quelque chose. J'y suis: l'employé de la poste d'hier.
- Quel collège?
- Le collège de Lyon.
En voilà un qui devrait se renseigner davantage. Des collèges à Lyon, il y en a plusieurs dizaines. En plus, je n'ai jamais été scolarisé à Lyon.
- Désolé, c'est une erreur. Au revoir, Monsieur.

Que va-t-il inventer encore pour le prochain coup de fil, si prochain il y a. Et surtout qui est cet hurluberlu amateur de blagues douteuses ? Vous le saurez en suivant les hypothétiques prochaines aventures de "Calyste et l'inconnu du téléphone". Mais là, je ne promets pas de rester courtois.

vendredi 10 février 2012

La pension Eva

Encore un Camilleri. Mais un peu à part, celui-ci. L'histoire de jeunes garçons qui deviendront des hommes et de leurs "rapports" avec la pension Eva, un lupanar renommé dans leur ville. En le lisant, je me disais: Camilleri prend des vacances, il se fait plaisir. Et voilà ce que je lis dans sa brève postface:
" Cet écrit entend être simplement des vacances narratives que je me suis offertes au seuil de mes quatre-vingt ans. Ce n'est pas un récit historique ni un récit policier, c'est un récit heureusement inqualifiable."
Fier qu'il était, le Callyste, d'avoir "senti" juste! Et toujours le même plaisir à le lire.

(Andrea Camilleri, La Pension Eva, Ed. Métailié. Trad. de Serge Quadruppani.)

Les mots

Un papier de papillotes que je n'ai pas jeté tout de suite:

"Les mots me font l'effet d'un pensionnat de petits garçons que la phrase mène en promenade". Georges Courteline.

jeudi 9 février 2012

Rêve de chaise



C'est un large buffet sculpté ; le chêne sombre,
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens ;
Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants ;
Tout plein, c'est un fouillis de vieilles vieilleries,
De linges odorants et jaunes, de chiffons
De femmes ou d'enfants, de dentelles flétries,
De fichus de grand'mère où sont peints des griffons ;

- C'est là qu'on trouverait les médaillons, les mèches
De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs sèches
Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits.

- O buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires,
Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis
Quand s'ouvrent lentement tes grandes portes noires.

Arthur Rimbaud.

Et un peu de musique, ça vous dirait ? (75)

François Couperin, Troisième Leçon de ténèbres (Deller/Brown)

Quoi de neuf?

Allez, c'est reparti pour un tour.
1. Hector, Alexandre, César, Josué, Judas Macchabée, David, Charlemagne, Arthur et ....
2. Calliope, Clio, Erato, Euterpe, Melpomène, Polymnie, Thalie, Uranie et ....
3. Varraheim, Asgard, Alfaheim, Jötunheim, Midgard, Svartalfheim, Niflheim, Helheim et ....
4. Bi Xi, Chi Wen, Pu Lao, Tao Tie, Ba Xia, Ya Zi, Suan Ni, Bi An et ....
5. Atoum, Shou, Tefnet, Geb, Nout, Osiris, Isis, Seth et ....
6. Brgnhildr, Hildr, Sigrdrifa, Siguin, Svafa, Ölrùn, Svanhvit, Alvitr et ....
7. Christian, Luc, Michel, Bruno, Paul, Célestin, Christophe, Jean-Pierre et ....
8. Matines, Vigiles, Laudes, Prime, Tierce, Sexte, None, Vêpres et ....
9. Les non-baptisés, les luxurieux, les gourmands, les avares, les coléreux, les hérétiques, les violents, les trompeurs et ....
10.Le cœur, les reins, le foie, les poumons, la rate, la vésicule biliaire, l'intestin grêle, le côlon et ....

Et ne me dites pas que certaines listes sont imprononçables! Pensez à celui qui a dû les taper sur le clavier...

mercredi 8 février 2012

Noé(e)

Reçu aujourd'hui au collège un spécimen "spécial enseignant": Noé face au déluge. Uniquement de la gent féminine au générique: l'écrivain, les illustrations, le dossier, la directrice de collection. Est-ce pour cela que l'auguste patriarche a l'air (si l'on oublie la barbe. Quoique!) d'une vieille maquerelle retenant d'une main décharnée les pans de son habit qu'un vent déjà puissant menace d'entrouvrir en dévoilant des charmes outragés par les ans? Moi, à la place de Dieu, je ne lui faisais pas confiance!

Nirlandais.

Un kir (deux?), une simple soupe de poisson, avec rouille et croutons, une meringue au chocolat. Dehors, le froid. La chaleur du salon et de la complicité, à partager des cigarettes. Un café bouillant, il est déjà l'heure de repartir. Le blanc du pull irlandais disparaît sous le manteau noir. La pause est finie. Nous nous reverrons vendredi.

Avant, j'attendrai.

Tout à l'heure, dans la voiture, au Grand Entretien de France Inter, je crois entendre son nom. Mais non, ce n'est pas lui, il n'a pas cette voix. Et puis c'est ce qu'il dit qui me fait le reconnaître. C'est bien lui, indubitablement.

Je ne lui imaginais pas ce timbre-là, un peu aigu, un peu acide, à peine. Je lui donnais une voix profonde, chaude, à l'image de ses écrits. Mais ce qu'il dit m'entraîne autant que ce qu'il écrit. Peu de temps à l'entendre (pourquoi cette obligation de couper les émissions par des morceaux de musique?), le voyage jusqu'à ma mère n'est pas très long. Je l'ai un peu prolongé, garé, à me refroidir les mains, à me réchauffer l'intellect.

Il vient de publier un livre: Avant, bribes de cette mémoire qu'il distille si humblement dans chacun de ses ouvrages, pas psychologisant pour deux sous (et pourtant ce fut son métier), mémoire qu'il compare à un sac à main de femme, rempli d'un bric-à-brac anodin pour la plupart, capital pour celle qui le porte à son bras.
Il parlait de son père. J'attendrai, j'ai coupé la radio. Je sais ce que je vais trouver et je sais qu'une fois encore je me sentirai proche de cet inconnu, de ce grand monsieur que j'aime. Son nom? Jean-Bertrand Pontalis.

mardi 7 février 2012

Dos à dos







Et fiers de l'être!

Anniversaires

En période de crise, on aime beaucoup amuser le chaland. Ces jours-ci, on n'arrête pas de parler anniversaires. Alors, tiens, une petite liste non exhaustive pour donner des idées, s'il venait à en manquer. A nos célébrités nées en:
- 712(av.J-C):Archiloque, poète élégiaque grec
- 812(ap.J-C): Basile I°, empereur Byzantin
- 912: Otton Ier du Saint Empire
- 1012: Robert II de France
- 1112: Sibylle d'Anjou (et mort de Gibelin de Sabran)
- 1212: Roger bacon
- 1312: Édouard III Plantagenet
- 1412: Jeanne d'Arc
- 1512: Mercator (et mort d'Amerigo Vespucci)
- 1612: Mignard
- 1712: Rousseau
- 1812: Dickens
- 1912: Doisneau

De quoi boire un coup presque tous les jours....

Pages marquantes (29)

Quoique je sois peu disposé à soutenir que ce soit pour un homme une faveur extraordinaire de la fortune, que de naître dans un dépôt de mendicité, je dois pourtant dire que, dans la circonstance actuelle, c’était ce qui pouvait arriver de plus heureux à Olivier Twist : le fait est qu’on eut beaucoup de peine à décider Olivier à remplir ses fonctions respiratoires, exercice fatigant, mais que l’habitude a rendu nécessaire au bien-être de notre existence ; pendant quelque temps il resta étendu sur un petit matelas de laine grossière, faisant des efforts pour respirer, balancé pour ainsi dire entre la vie et la mort, et penchant davantage vers cette dernière. Si pendant ce court espace de temps Olivier eût été entouré d’aïeules empressées, de tantes inquiètes, de nourrices expérimentées et de médecins d’une profonde sagesse, il eût infailliblement péri en un instant ; mais comme il n’y avait là personne, sauf une pauvre vieille femme, qui n’y voyait guère par suite d’une double ration de bière, et un chirurgien payé à l’année pour cette besogne, Olivier et la nature luttèrent seul à seul. Le résultat fut qu’après quelques efforts, Olivier respira, éternua, et donna avis aux habitants du dépôt, de la nouvelle charge qui allait peser sur la paroisse, en poussant un cri aussi perçant qu’on pouvait l’attendre d’un enfant mâle qui n’était en possession que depuis trois minutes et demie de ce don utile qu’on appelle la voix.

Charles Dickens (1812-1870), Oliver Twist. (Trad. d'Alfred Gérardin)

lundi 6 février 2012

Température en baisse

L'accueil de notre directrice ce matin fut aussi glacial que le temps à l'extérieur. Traiter les enseignants comme un groupe de gamins à réprimander ne me semble pas la meilleure méthode pour asseoir son autorité! Je ne crois pas qu'elle se rende compte qu'elle est en train de s'en mettre un certain nombre à dos. Nous avons sans doute quelques années à passer ensemble, autant le faire si possible dans le respect et une certaine convivialité.

Côté idées qui me hérissent, deux ce matin ont remporté la palme:

- devant le peu d'enthousiasme suscité par la mise en place d'une journée anglophone au collège (premier essai raté, mercredi dernier. En vieux récalcitrant, j'ai accueilli mes élèves par un magnifique "buongiorno" avec mon meilleur accent italien!), elle propose d'offrir à ceux qui le désirent un stage de remise à niveau dans la langue de Shakespeare. Il y en a tout de même eu dix parmi mes collègues à lever la main, eux qui ronchonnaient tous il y a quelques jours (dans les couloirs, il est vrai, pas de face) ! La mienne (main) est restée collée au bureau.

- elle a demandé également que les récréations décalées de certaines classes par rapport aux horaires habituels soient surveillées par les enseignants. Heureusement, sur ce point, la désapprobation a été générale. Les profs, c'est fait pour donner des cours, pas pour surveiller les récréations! Il suffit de revoir l'organisation de l'équipe de surveillants. Elle a fini par faire machine arrière. Bien tenté cependant. Et je pense que nous ne sommes pas au bout de nos surprises désagréables.

La suite s'est passée en travail d'équipes sur la mise en place d'un livret de validation des compétences des élèves. J'ai retrouvé le bonheur de travailler avec Gilles sur des tableaux à plusieurs entrées, et ça, j'adore. La conception de systèmes "mathématiques" m'a toujours emballé. Travailler dans l'abstraction me plaît, surtout si elle est destinée à se concrétiser ensuite. J'ai toujours dit qu'il fallait avoir l'esprit un tantinet matheux pour avoir fait Lettres Classiques.

Con d'huit (réponses)

Avec mon neurone frigorifié, j'allais oublier de vous les donner, ces réponses!
1. Les Fées: les 8 contes en prose du recueil de Perrault, Les Contes de ma mère L'Oye.
2. La Terre: les 8 planètes du système solaire.
3. Cyanocobalamine: les 8 vitamines dans le groupe B.
4. Psycho-atomique: les 8 niveaux de la conscience selon le docteur Timothy Leary.
5. Remontant: les 8 principes de yong.
6. Montana: les 8 états des USA commençant par la lettre M.
7. 1270: les 8 croisades
8. Kuniyoshi: les 8 maîtres de l'ukiyo-e ("images du monde flottant", estampes)
9. Nouvelle-Zélande: les 8 pays signataires de l'ACTA (accord international anti contrefaçon, 4 octobre 2011)
10.Naturaliste: les 8 formes d'intelligence selon Howard Gardner (prof. à la Harvard School of Education)

Bravo à ceux qui ont trouvé. Pour les autres, qu'ils se rassurent: si j'avais dû répondre, j'aurais eu 3 ou 4!

Histoires vraies

Je dois le dire à ma plus grande honte: je n'avais jamais mis le nez dans Blaise Cendrars. Ce livre, Histoires vraies, m'a été offert par une maison d'édition de poches pour l'achat de deux autres romans. L'occasion ou jamais.

Résultat: plutôt positif puisque je l'ai lu avec plaisir jusqu'à la dernière de ces histoires qui, elle, ne m'a pas emballé. Positif parce que j'ai découvert un certain style, assez littéraire alors que je ne m'y attendais pas et une dose certaine d'humour. Il faudrait sans doute que je lise un écrit de plus longue haleine pour me faire une idée définitive sur le monsieur.
(Blaise Cendrars, Histoires vraies, Ed. Denoël)

dimanche 5 février 2012

Et un peu de musique, ça vous dirait ? (74)

Samuel Barber, Adagio for strings

Momentini

- Grand soleil aujourd'hui sur Lyon mais froid à peine moins cinglant. Le vent glacial est tout de même tombé mais les rues étaient désertes lorsque je suis sorti acheter mon bouquet d'anémones.

- Soirée "nid douillet" avec Frédéric hier soir. Des courses ensemble pour manger et puis vite au chaud devant la télé, à dormir à tour de rôle. Pas d'urgence ce matin, rien qui vienne contraindre (j'avais prévenu que je n'irais chez ma mère qu'en fin d'après-midi). C'est tellement rare pour moi de me sentir libre de mon temps.

- Semaine qui s'annonce assez tranquille avant les vacances de février: demain, pas de cours mais journée pédagogique. Ensuite, les troisièmes sont en stages et je pourrai me lever un peu plus tard. Enfin, le plus gros du travail est prêt. Il n'y aura plus qu'à corriger les copies que je vais ramasser, mais j'aurai quinze jours pour ce faire.

- Jean-Claude s'était retrouvé le bec dans l'eau avec un appartement à la neige pour cette semaine, à cause de la mesquinerie d'un triste sire. Je lui en ai trouvé un autre grâce à une ancienne collègue, et pas cher hors période vacances scolaires. Je ferai un de ces soirs un repas chez moi pour réunir tout ce monde-là, en y ajoutant Isabelle et aussi Patrick et Francine, les deux tenanciers de notre "cantine" du vendredi midi, à Frédéric et à moi.

- Se réveiller en sentant près de soi la chaleur d'un autre corps, y a pas à dire, c'est tout de même agréable.

Toucher le fond

Il m'arrive un truc bizarre, et depuis longtemps en plus. Chaque matin, je me retrouve au fond de mon lit. J'ai beau me coucher normalement, je veux dire la tête sur l'oreiller, bien à plat, dans une position tout ce qu'il y a de plus traditionnelle, je me réveille souvent au milieu de la nuit, parce que mes pieds ne peuvent pas aller plus loin vers le bas et que la couverture et les draps engagés bloquent ma reptation descendante. Le plus étonnant, c'est que, la plupart du temps, je ne dois pas beaucoup m'agiter puisque ces mêmes draps sont à peine froissés au réveil. Alors?

Cela m'a valu, quand j'étais enfant une peur dont je me souviens encore. Je dormais avec ma grand-mère et, une nuit, je me suis réveillé, étouffant de chaleur et totalement immergé sous les couvertures et l'édredon (son appartement n'était pas chauffé la nuit). Dans le noir, je n'arrivais plus à trouver la sortie et ai été pris d'une panique de petit garçon. Mes gesticulations ont réveillé l'aïeule qui m'a sorti de là alors que je croyais ma dernière heure venue.

Aujourd'hui, je ne panique plus mais je ne m'explique pas ce phénomène.

samedi 4 février 2012

Le dernier houx




Le dernier houx cueilli s'assèche dans le vase.
Le rubis de ses fruits se fane peu à peu.
Depuis sa mort discrète a déserté les lieux
Le "vol de papillons arrêtés dans l'extase".

Tiens, voilà que je me mets à faire des alexandrins.
La faute à P.P!

Mon grand

Ma tante est venue rendre visite à ma mère cet après-midi, cette tante qui m'a un peu élevé, celle qui m'appelle toujours "mon grand" et qui faisait des tonnes de bugnes lorsque c'était la saison.

Quatre-vingt dix ans, un peu vieillie depuis la dernière visite de l'an dernier, l'oreille un peu plus dure mais toujours prête à rire. Souvenirs évoqués, toujours les mêmes mais je suis le seul à les partager avec elle aujourd'hui. Ce soir, un nouveau: ma grand-mère nettoyant les cendres de son fourneau, dans sa cuisine, les mains barbouillées de noir, le sol sali de ce qu'elle avait fait tomber, le jour où j'étais parti prévenir qu'elle avait pris un malaise. Ses premiers mots avaient été pour me réclamer. Elle le fera ensuite pendant toute sa maladie.

Un grand saladier de bugnes préparées par ma cousine (même si elle, elle en fait encore). Pendant que nous mangions, elle me caressait discrètement le dos, sans doute comme lorsque j'étais gamin. Après les au revoir officiels et la bise, toujours le même petit geste discret de la main, en retrait des autres, rien que pour nous deux. Combien de fois encore la reverrai-je?

Con d'huit!

Ça devient de plus en plus compliqué pour moi de vous concocter dix questions. Pas super cette fois-ci, et je ne promets pas de faire mieux la prochaine fois, si prochaine fois il y a!
1. La Belle au bois dormant, Le Petit Chaperon rouge, La Barbe-bleue, Le Chat botté, Cendrillon, Riquet à la houppe, Le petit Poucet et ....
2. Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune et ....
3. Thiamine, Riboflavine, Nicotinamide, acide pantothénique, pyridexine, biotine, acide folique et ....
4. Survie biologique, émotionnel, symbolique, domestique, neurosomatique, neurogénétique, neuroélectrique et ....
5. Point, diagonale gauche, courbe à droite, barre verticale, crochet final, courbe à gauche, barre horizontale et ....
6. Maine, Maryland, Massachusetts, Michigan, Minnesota, Mississippi, Missouri et ....
7. 1096-1099/1148-1149/1190-1192/1202-1204/1217-1221/1228-1229/1248-1254/et....
8. Harunobu, Kiyonaga, Utamaro, Sharaku, Hokusai, Toyokuni, Hiroshige et ....
9. États-Unis, Australie, Canada, Corée du sud, Japon, Maroc, Singapour et ....
10.Logico-mathématique, spatiale et visuelle, interpersonnelle, corporelle, verbo-linguistique, intrapersonnelle, musicale et ....

vendredi 3 février 2012

Pages marquantes (28)

André Chénier, La jeune Tarentine.

Lâche-moi, tu veux!


Retrouvé récemment cette vieille photo au fond d'une boîte dans ma bibliothèque. Sans doute prise à Saint-Étienne au début des années cinquante. On m'avait dit que je n'étais guère souriant lorsque j'étais bébé. Je n'ai plus de mal à le croire! Est-ce que, par hasard, je ne croyais déjà plus au Père Noël? Un vrai petit macho!

Et les souliers! Rien que ça, ça vaut le détour!

Le jaune se voit mal...

Le collège s'est associé à la collecte des pièces jaunes. La responsable de la catéchèse, gentille mais un peu naïve sans doute, a commis cette affiche que l'on peut voir dans tous les couloirs et à tous les étages. De près, rien à dire, mais de loin, le jaune se voit très mal. Les élèves ont eu vite fait de repérer la chose (les profs aussi, d'ailleurs)!

jeudi 2 février 2012

C'est pour ça.

Un nouveau dans ma classe de cinquième.

Présentation officielle: bilangue (Anglais-Allemand), latin. Un an d'avance. IP (Intellectuellement précoce). En souffrance : venant de Dunkerque, séparé de sa mère par décision judiciaire, vivant maintenant avec son père dans la région de Lyon.

Bilan personnel au bout de deux jours : petit péteux, prenant la parole sans la demander pour parler de quelque chose qui n'a rien à voir avec la choucroute. Me répond qu'il faisait comme ça dans son ancien collège. Y a du boulot.

Réponse de la directrice à qui j'exposais ce bilan : "C'est pour ça qu'on l'a mis dans votre classe".

Me voilà dresseur officiel.

mercredi 1 février 2012

A côté de la plaque

Je crois vraiment que c'est là que je suis depuis quelques jours.

- la semaine dernière, laisser deux soirs de suite les clés et le bip du parking dans le vide-poches de la voiture.

- lundi, ne pas mettre le son du radio-réveil et arriver une heure en retard au travail.

- mardi, se tromper d'heure de trou dans l'emploi du temps de la matinée et aller tranquillement fumer une cigarette pendant que les élèves m'attendent.

- mardi toujours, inviter Frédéric à midi alors que j'avais cours toute la journée.

- mercredi, en ouvrant les yeux, entendre à la radio que Eric Rohmer est mort et s'en désoler pour se souvenir ensuite que cela fait deux ans qu'il ne peut plus contempler le genou de Claire.

- mercredi toujours, ouvrir une boîte de photos d'identité et mettre un quart d'heure à en retrouver le couvercle qui était devant mon nez.

- toute la journée d'aujourd'hui, être persuadé que demain, c'est vendredi.

Suis-je en train de franchir un palier ? Finalement, se coucher tôt ne sert à rien.

Et un peu de musique, ça vous dirait? (73)

Herman's Hermits, No Milk today.

Le moins et le plus

Il a beaucoup neigé à Lyon dans la nuit de lundi à mardi. Avantage: la beauté des paysages. Inconvénient: ne pas prendre sa voiture et emprunter les transports en commun pour éviter d'avoir à grimper Choulans et surtout ne pas avoir de surprise en arrivant avec l'état du parc du collège.










J'ai pris encore aujourd'hui le métro et la ficelle, cette fois-ci par peur du verglas. Toujours aussi sidéré de voir la tristesse des gens dans les rames et leur air abattu de si bon matin. Heureusement, en arrivant, voici ce que j'avais sous les yeux. (PS: les photos ne sont pas en noir et blanc.)